"J'ai longtemps hésité avant de faire ce post. Aujourd'hui je vais me servir de ce réseau social pour parler d'une histoire, mon histoire". Samedi 27 novembre, sur Instagram, Yael Sabah a livré un récit douloureux. Celui des multiples violences psychologiques et physiques dont elle est victime, perpétrées par son ex-conjoint et père de sa fille de 11 ans aujourd'hui. Elle l'a quitté une nuit, son bébé d'alors 6 mois dans les bras, après qu'il lui ait dit qu'il la tuerait.
Depuis plus de 10 ans que son combat a démarré, dont 5 ans d'une bataille judiciaire pour qu'il soit condamné, l'homme n'a écopé que de 2 mois de prison avec sursis et de 750 euros d'amende pour appel malveillant et menaces de mort.
Le reste, "les gifles en pleine nuit pour vous réveiller et faire le ménage", "le chantage sexuel pour qu'il arrête de menacer votre famille", "les chuchotements la nuit pour vous dire qu'il va vous égorger", il n'y en a pas la trace, et la police ne la croit pas. Les agents qu'elle a rencontrés la traitent de "folle" ou lui rétorquent que ce n'est pas "parce que c'est un mauvais conjoint que c'est un mauvais père".
Après le verdict, l'intéressé a disparu "des radars" pendant six ans. En août dernier, il a refait surface à coup de messages menaçants, dont elle a posté quelques captures d'écran. "Ça fait trois mois et demi que j'ai porté plainte, que malgré mes nombreuses relances il ne se passe rien", déplore-t-elle.
En quelques heures, son témoignage a fait le tour des réseaux sociaux, jusqu'à ce qu'elle obtienne le contact d'un·e membre du cabinet de Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, anciennement à l'Egalité.
"Je mettais beaucoup d'espoir dans ce coup de fil", déclare Yael Sabah dans une vidéo postée ce lundi 29 novembre. "Mais ma déception est tellement immense que j'ai pas les mots. Je trouve ça limite honteux ce qui s'est passé pendant cet entretien téléphonique".
Au bout du fil, on lui explique ainsi "gentiment" qu'"ils (les membres du cabinet de la ministre, ndlr) ne pouvaient rien faire" pour elle, car "cela ne dépend pas d'eux". La jeune femme les a toutefois entendu espérer qu'elle sera bien reçue au commissariat où elle se rendre porter plainte si elle le souhaite, puis clore la discussion en lui souhaitant "beaucoup de courage".
Face caméra, elle lâche, écoeurée : "C'est plus du courage qu'il va me falloir". Et de poursuivre : "J'avais besoin de partager ça, car je trouvais ça assez fou qu'on me dise ça. (...) Finalement rien n'a changé", constate-t-elle de l'accompagnement des victimes de violences conjugales. "C'est un vide total. Faut vraiment un drame pour que ça bouge sinon il ne se passera rien".
Quelques jours après la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la conclusion est limpide : le chemin pour être enfin entendue et soutenue à échelle gouvernementale est encore long.