"Quel con !, connerie, connard'... On les entend, banalisées, ces insultes et grossièretés nées de la haine des hommes contre les femmes, sur la base de leur sexe", fustige la YouTubeuse Typhaine D. dans sa dernière vidéo, à l'intitulé limpide : "Les insultes à base de 'con' c'est terminé, pourquoi ?". La vidéaste y explique pourquoi ces injures et formulations feraient bien de dégager de notre langage quotidien, et fissa, s'il vous plaît.
Car quoi de plus sexiste que de décocher un "con" pour insulter ou blesser ? A l'origine de ce "con", un tout autre sens : la latin "cunnus", soit la désignation du sexe féminin. Comme nous le rappelle Le Monde, "cunnus" et ses dérivés furent longtemps employés ainsi dans notre langue avant de désigner toute autre chose à partir du XVIIIe siècle : "l'imbécile", pour rester poli. Mais pourquoi donc ? "La raison est obscure", nous explique-t-on.
Et pour Typhaine D., l'usage du "con" en un sens péjoratif éclot du fait que "ce sont les hommes qui ont le pouvoir de nommer" et que ces derniers auraient ainsi souhaité "dévaloriser le sexe des femmes" par cet emploi régulier. "C'est très pratique de transformer un sexe de femme en insulte", poursuit-elle sur un ton caustique.
A cela, la vidéaste engagée propose de belles alternatives égalitaires : "Quel couille, ce mec ! (oui au masculin)" ou bien encore "Il ne dit que des biteris !". Voire même, "Couillard va !". Drôle et salutaire.
"Comment voulez-vous avoir de l'estime pour vous, vous penser en position d'égalité, quand votre sexe est un mot avec lequel les oppresseurs vous insultent et s'insultent entre eux, se réduisent ?", déplore encore la YouTubeuse. Avant de poursuivre sur un ton ironique : "Si l'on remplace le mot 'con' par le mot 'vulve', on se rend tout de suite compte à quel point c'est grossier. Qu'est-ce que t'as contre les vulves ?". L'oratrice s'attarde également sur les racines étonnantes du fameux verbe "déconner" - "sortir du con", littéralement. Un exposé ludique à souhait.
Malgré les petits pouces baissés furibards de certains anonymes que l'on imagine bien rageux, les compliments se suivent pour saluer la démonstration rhétorique - et drôlatique - de la vidéaste féministe. "Super vidéo, ton raisonnement est implacable, et je vais m'efforcer de modifier ma façon de parler !", "Je te trouve vraiment très drôle pour parler de sujets importantes et graves, j'apprends toujours plein de choses intéressantes et nécessaires", "Merci pour ce texte !", peut-on ainsi lire dans l'espace commentaires.
A l'unisson, on ne saurait trop vous conseiller de vous abonner à la chaîne de cette YouTubeuse. Au gré de ses vidéos se déploient des réflexions nourries et éclectiques, sur la sororité, le végétarisme, ou encore le mouvement #MeTooInceste. Le tout entrecoupé de prescriptions littéraires riches de sens - la romancière et militante féministe française Benoîte Groult y est notamment évoquée. Tout cela mérite bien vos clics.