20 ans après le meurtre de Marie Trintignant, Lio dénonce : "Je vomis ce patriarcat qui tue la moitié de l'humanité"
20 ans après le meurtre de Marie Trintignant, Lio dénonce : "Je vomis ce patriarcat qui tue la moitié de l'humanité"
"Je vomis ce patriarcat rance qui tue la moitié de l'humanité, cette misogynie, cette haine des femmes". Dans les pages de "Libé", la chanteuse Lio s'est exprimée sur le meurtre de Marie Trintignant, qui eut lieu il y a 20 ans. Elle fustige notamment son traitement par la presse de l'époque.
Elle dénonce auprès du journal : "Il y a même un journaliste qui a évoqué un 'règlement de classe' : le monde du cinéma contre le prolétariat de Bertrand Cantat, en somme. C'est une manière de nier la violence masculine, de dire que l'homme n'est que bonté, que le génie masculin est absolu sur cette Terre".
"Tout ce qui peut remettre en cause le génie masculin n'est pas susceptible d'être entendu, est forcément mauvais, manipulé, hystérique, politique", fustige encore la chanteuse. Un entretien puissant, engagé.
"Il y a toujours une très bonne raison pour que le patriarcat phallocrate tue une femme. On a d'ailleurs entendu que Marie était hystérique, qu'elle avait bu, qu'elle l'avait poussé à bout en le rendant jaloux", décrypte Lio.
Des propos qui évoquent trois ouvrages récents tout à fait fondamentaux sur le sujet et son traitement médiatique : Réinventer l'amour de Mona Chollet, Préparez-vous pour la bagarre : défaire le discours sexiste dans les médias de Rose Lamy, et l'enquête Nos absentes de la journaliste Laurène Daycard.
Des livres qui déconstruisent aussi cette idée de "séparer l'homme de l'artiste", que Lio tacle : "Un salopard peut avoir du talent. Mais pas d'honneur pour les violeurs, les violents. Et à ceux qui disent qu'il a payé sa dette, je réponds : quatre ans de prison, c'est ce que vaut la vie d'une femme ?"
Pour Lio, "l'affaire Cantat" en dit long sur notre culture, et avec elle, sur le sort des femmes : "On peut bafouer toutes les femmes du monde, les traîner dans la boue, les maltraiter... Cette misogynie, cette haine des femmes, est le nucléus de toutes les violences faites aux femmes, aux opprimés".
"Je vomis ce patriarcat rance qui tue la moitié de l'humanité", poursuit dans les pages de "Libé" celle qui sur les plateaux dénonçait déjà au début des années 2000 le culte du mâle, avec la liberté de parole qu'on lui connaît. Quitte à susciter incompréhension, dialogues de sourds et railleries masculines.
Aujourd'hui, Lio n'a de cesse de rappeler pourquoi le meurtre de Marie Trintignant est plus que jamais un motif de lutte contre les violences patriarcales. Elle salue Adèle Haenel. Et poursuit le combat.