C'est Paris Jackson, la fille de Michael, qui campe le rôle de Jésus dans le film Habit, premier long-métrage de Janell Shirtcliff. L'actrice ouvertement queer y joue la guide spirituelle du personnage interprété par Bella Thorne, une jeune femme qui aime la fête et accessoirement la drogue. Pour échapper à des galères liées au trafic de stupéfiants, la reine de la nuit devient nonne et tombe sous le charme de la figure biblique.
Une sorte de Sister Act 2.0, sans Whoopi Goldberg et avec un changement de taille : Jésus est une femme lesbienne. C'est du moins ce que comprennent ses détracteurs, puisqu'aucune mention de son orientation sexuelle n'existe dans les rapports publics, précise le Guardian. Et malheureusement, en 2020, une partie de l'Amérique encore embourbée dans l'hétéronormativité et le sexisme crasse trouverait cela extrêmement choquant. Tellement d'ailleurs, que 300 000 personnes ont signé une pétition pour interdire la sortie de l'oeuvre, l'accusant de "christianophobie".
"Un nouveau film hollywoodien blasphématoire sort bientôt en salle, représentant Jésus comme une femme lesbienne", lit-on sur cette pétition. "Dans Habit, Paris Jackson interprète ce rôle de Jésus lesbienne. Le film n'a pas encore trouvé de distributeur donc faisons prendre conscience aux gens des ordures christianophobes que l'on diffuse de nos jours et qui sont, on ne sait comment, acceptées et louées par la société."
D'autres fidèles iront même jusqu'à le qualifier de "sacrilège" et l'accuser de "ridiculiser les gens de foi". Comme quoi, l'homophobie rend aussi parano.
Ce n'est pas la première fois qu'un film controversé sur Jésus est attaqué par des groupes chrétiens. En janvier dernier, un juge brésilien avait ordonné à Netflix de retirer La Première Tentation du Christ (qui le dépeint comme homosexuel) de la programmation en streaming dans le pays. L'interdiction a depuis été annulée par la Cour suprême locale.
En France aussi, le cinéma dérange certaines assos de catholiques intégristes. Civitas avait notamment tenté d'empêcher la sortie de Tomboy, de Céline Sciamma, puis la rediffusion du film salué par la critique sur Arte. Tout ça parce qu'on y voit Laure, 10 ans, qui le temps d'un été, fait croire à ses nouveaux amis qu'elle est Michael, un garçon.
Autre cas, celui de l'affiche de L'Inconnu du lac, d'Alain Guiraudie, censurée des villes de Versailles (78) et Saint-Cloud (92) à la demande des mairies alors UMP car l'illustration montrait, en arrière-plan minuscule, un homme donner une fellation à un autre. La preuve, justement, de l'importance de ces oeuvres.