"Je vais chez le psy"© Getty
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1. On est faibles
Suivre une thérapie demande en réalité beaucoup de courage et de force. On me dit parfois que ça doit être agréable de prendre une heure par semaine pour "m'occuper de mes soucis". C'est effectivement agréable. Mais c'est aussi l'heure la plus épuisante de toute ma semaine sur le plan affectif. Il faut accepter d'explorer chaque recoin de sa pensée et de son coeur, et évoquer sans complexe toutes ses peurs, ses secrets, son vécu, afin de bénéficier au maximum de l'aide du thérapeute. Il faut beaucoup de force pour se confronter aux limites de ses émotions et de sa pensée, pour se laisser guider sur des chemins que l'on n'aurait pas empruntés, afin d'en tirer des leçons et chercher activement une façon d'aller mieux.
2. On est fous
Qu'un patient suive une thérapie parce qu'il souffre d'une maladie mentale ou qu'il cherche de l'aide pour mettre un peu d'ordre dans des sentiments ou des pensées envahissantes, le traiter de fou n'est, en aucun cas, adapté. Ça renforce la stigmatisation, et ça explique pourquoi certains n'iront jamais chercher de l'aide pour trouver l'apaisement dont ils ont tant besoin.
3. On gaspille notre argent
Chacun utilise son argent en fonction de ses propres priorités. De la même manière que quelqu'un paiera pour écouter les conseils d'un coach personnel qui l'aidera à atteindre ou retrouver un certain niveau de forme physique, je considère l'argent que je dépense chez le psy comme un investissement pour ma santé et mon développement personnel.
4. On est riches
Une thérapie peut coûter cher, mais il existe différentes manières de la financer. D'expérience, la plupart des médecins acceptent d'appliquer des tarifs dégressifs quand on n'a pas de mutuelle. Et beaucoup d'entreprises et d'établissements scolaires offrent (au moins en partie) des séances gratuites à leurs salariés ou élèves.
5. On a personne à qui parler
On ne va pas chez le psy parce qu'on n'a pas de vie sociale. La psychothérapie ne remplace pas les relations d'amitié, et le thérapeute n'est pas un ami. L'amitié fonctionne dans les deux sens: les points de vue qui s'échangent peuvent être biaisés par l'expérience personnelle et les circonstances. Ça renforce la stigmatisation, et ça explique pourquoi certains n'iront jamais chercher de l'aide pour trouver l'apaisement dont ils ont tant besoin. Il est accompagné par un professionnel qualifié qui va l'aider à affronter ses difficultés et ses besoins.
Consulter un thérapeute ne sous-entend pas non plus que l'on a de mauvaises relations avec ses parents. C'est effectivement dans l'enfance qu'on développe des compétences sociales et une façon de percevoir les autres, ses propres besoins et le monde en général. Mais tout ce qui nous arrive par la suite ne peut être constamment ramené à la relation que l'on entretient avec ses parents. Ce qui m'amène au point suivant.
6. On parle de vous pendant nos séances
Ne nous demandez pas ce que le thérapeute sait sur vous parce qu'il y a de grandes chances qu'on ne parle jamais de vous. Même si c'était le cas, ça ne vous regarderait pas. Alors, quand on discute ou qu'on s'engueule, ne vous abaissez pas à dire des choses comme "J'imagine que tu vas en parler à ton psy!" La thérapie est un espace sacré où le patient évoque ses relations et ses sentiments sur qui il veut et ce qu'il veut. Et si nous en parlons au médecin, ce sera pour de bonnes raisons. On n'est pas là pour échanger des ragots.
7. C'est parce qu'on était en dépression ou qu'il s'est passé quelque chose de précis
Il y a généralement un élément déclencheur. Expérience traumatisante, tensions dans ses relations, impression de ne plus parvenir à gérer le quotidien, les raisons de consulter sont multiples. Il ne suffit pas de cocher des cases pour savoir si on a besoin de voir un psy. Sauf à coller des étiquettes aux patients ou à les enfermer dans des cases. En fait, il y a toujours une bonne raison de consulter, raison qui peut évoluer par la suite: on peut partir d'une certaine expérience, puis en explorer d'autres.
8. On ne va pas bien
Il n'y a pas besoin d'être en danger pour aller chez le psy. Comme nous venons de le voir, il existe souvent un élément déclencheur, mais cela peut aussi être la conséquence d'une série d'expériences ou de sentiments. J'ai la vingtaine, je travaille, je suis heureuse, en bonne santé. Je ne souffre pas de mon travail, de mes relations sociales ou de mes loisirs. Je me rends sereinement à ces séances hebdomadaires. Pourquoi donc? Comme je l'ai dit, les raisons peuvent évoluer. En ce moment, je sens que j'ai encore beaucoup apprendre sur moi et sur la manière de gérer certains sentiments, certaines situations, certains besoins.
9. Une thérapie suit un calendrier précis
La durée idéale d'une thérapie est sujette à débat. Personnellement, j'ai commencé il y a six mois, et même si je suis très contente de mon psy, j'espère bien que je finirai par ne plus avoir besoin de consulter aussi souvent. J'ai un ami qui a suivi des séances pendant deux ans, un autre, deux mois, à raison de deux fois par semaine, pour surmonter un évènement traumatisant. La durée et la fréquence des séances font l'objet d'une discussion avec le thérapeute et le patient a la possibilité d'arrêter à tout moment.
10. On ne sait pas lâcher prise
Suivre une thérapie ne signifie pas qu'on a du mal à se détacher du passé.
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