En 2014, plus de 3 millions de Français étaient en risque élevé de burn-out soit plus de 12% de la population active. Des chiffres alarmants pour ce syndrome qui prend de plus en plus d'ampleur. Signifiant épuisement professionnel, le burn-out se manifeste par un manque d'énergie, une démotivation professionnelle et une réduction des capacités intellectuelles.
Parmi les professions les plus touchées par le burn-out, on trouve les agriculteurs, suivis de très près par les cadres et enfin les enseignants. Une maladie tabou que le docteur Dominique Servant est venu démystifier sur le plateau de "Allo Docteur" sur France 5 . "Dans le burn-out, il y a un surmenage. Il y a toute une multiplication de tâches que l'on ne peut pas faire car les conditions ne sont pas réalisables, nouveaux logiciels, nouvelles technologies, situation très conflictuelle dans le travail... Cela amène à une situation de surmenage, comme si on essayait de surnager dans un milieu hostile. Et les premiers signes sont souvent la fatigue."
C'est le cas d'Hélène, ancienne institutrice, qui a été en proie à ce mal. "J'étais dans un tel état d'épuisement que mon cerveau ne pouvait faire aucun effort intellectuel. Lire un journal m'était impossible et encore aujourd'hui j'ai un peu de mal", raconte cette ex-enseignante.
Le burn-out n'a pas que des conséquences dans le milieu professionnel, telle une ombre, ce phénonème psychologique poursuit les malades jusque dans leur vie de famille. "Tout a commencé quand le médecin m'a diagnostiqué une grippe qui a duré douze jours. Ma fille a été beaucoup affectée, elle ne dormait plus, elle était très angoissée, se souvient Hélène. J'ai compris, au cours de ma thérapie, que mon enfant avait vu ma souffrance et qu'elle craignait pour la vie de sa maman." Depuis ce jour, le trajet de l'école est devenue une vraie angoisse.
Face à ce cataclysme mental, certaines femmes décident même de tout envoyer balader : travail, boulot, famille. En proie à un complexe d'infériorité semblable à un gouffre, les questions fusent dans la tête de ces femmes : "Ai-je raté ma vie ? Quel est le sens de la vie ? Suis-je heureuse ? Ai-je encore la force de continuer ?".
Une introspection shakespearienne qu'Hélène, du bout des lèvres, avoue avoir connu : "Ce n'était même pas la goutte d'eau qui a fait déborder le vase car le vase était vide. J'étais vide. Je n'avais plus la force de sortir de chez moi, plus la force de travailler."
Le problème, c'est que ce fardeau n'est pas reconnu comme maladie professionnelle et qu'au-delà du monde de l'entreprise, le burn-out est souvent mal interprété par la société.
"Mes collègues ne comprenaient pas. Elles me disaient de prendre des médicaments plus fort et me considéraient comme une dépressive." Pour le psychiatre Dominique Servant, auteur de Ne plus craquer au travail (Éd. Odile Jacob), le burn-out "a un lien avec le travail. La dépression, elle, survient parfois sans aucune cause ou avec d'autres facteurs, d'autres événements de vie. Mais le burn-out peut mener à des états dépressifs. Dans ce cas, il faut se traiter avec des antidépresseurs, avec une psychothérapie".
Et la reconstruction justement ? Hélène a été suivie par une psychothérapeute et voyait régulièrement un chiropracteur. "L'entourage est tout aussi important que les thérapies. Ma famille mais aussi mes amis m'ont aidé à me relever." Aujourd'hui, cette mère de famille a changé de voie : elle fait du secrétariat pour l'entreprise de son mari. Une carrière qui amuse cette ex-enseignante du cours préparatoire. "Au moins, l'ordinateur est calme et je peux profiter du canapé."
Martin d'Aspe et Agathe Etilé-Schaff
Dossier réalisé en partenariat avec les étudiants de l'Institut européen de journalisme.