"On est tous bouleversés"
Judith Godrèche a brisé le silence devant la commission d’enquête des députés français sur les violences sexuelles dans le cinéma. A l'instar de sa consoeur Anna Mouglalis, par exemple, qui a témoigné à l'unisson, dénonçant l'attitude présumée de Gérard Miller. Une très importante prise de parole à retrouver sur Terrafemina.
Ou de cette autre consoeur comédienne, aux mots si douloureux. Elle relate un traumatisme. Judith Godrèche, elle aussi, panse ses blessures. On rappelle que l’actrice de 52 ans a porté plainte contre le cinéaste Benoît Jacquot, pour "violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité". Elle dénonce des violences physiques, sexuelles, psychologiques diverses. Ses accusations se retrouvent dans ce témoignage.
Mais aussi, contre le metteur en scène Jacques Doillon, qu'elle accuse d'agressions sexuelles, lesquelles seraient survenues notamment lors d'auditions. Elle le relate ici-même. Noms qui résonnent durant cet échange.
Et par-delà les paroles, l'omerta, la difficulté de parler justement : "ce silence dit beaucoup. Il dit, peut-être, "j’ai peur". Il dit "je n’ai pas envie de perdre ma place". Il dit "moi aussi, je dois slalomer […] pour ne pas me prendre un poteau et être moi aussi recalé à l’arrière du cortège", a témoigné Judith Godrèche devant la commission.
"Cette commission d'enquête n'est pas tous les jours facile", ont réagi deux membres du jury. Erwan Balanant notamment, le rapporteur de la commission d'enquête sur les violences dans le monde de la culture. qui a bafouillé suite à l'intervention de Judith Godrèche un "Merci pour votre témoignage poignant qui... Excusez-moi".
Avant de fondre en larmes... Suscitant de vives réactions.
L'émotion était vive à l'Assemblée Nationale.
Ce dont témoignent les larmes d'Erwan Balanant ce jour-là. "On est tous bouleversés", peut-on entendre, à juste titre. Une attitude qu'on a pas l'habitude de voir dans l'hémicycle.
"Ne vous excusez pas de ressentir des émotions Monsieur, je crois que c’est une clé vers une meilleure société", a réagi en retour une téléspectatrice sur les réseaux sociaux. Commentaire bienveillant qui en a engendré d'autres...
"Merci de votre engagement et de votre écoute auprès de ces femmes victimes de VSS", lit-on ainsi sur la page TikTok de la chaîne LCP. Les VSS, c'est un acronyme, désignant les violences sexistes et sexuelles. Celles sur lesquelles Judith Godrèche pose précisément ses mots, en abordant ces réalisateurs, et le cinéma français en général.
Et les internautes de s'en émouvoir : "je trouve qu'un peu d'humanité ca fait pas mal", "On a le droit d'avoir des émotions, en fait c'est ce qui nous distingue des machines",
Et la députée Sarah Legrain, au sein de la commission, laquelle est présidée par Sandrine Rousseau (l'élue, elle aussi, a fondu en larmes il y a quelques jours), de conclure : "C'est important que vous soyez venue aujourd'hui madame Godrèche, parce que parfois, dans cette commission, on a l'impression d'assister à un dialogue de sourds. Là, on est tous bouleversés. Chacun son tour, chacun son tour"
Des discours qui saluent le courage de l'actrice, suite à ses prises de parole. Comme ceux de Sandrine Rousseau : "Il faut dire quelques mots de cette émotion. Il y a une peur, une récurrence. nous atteignons nos limites émotionnelles. Toutes les victimes que nous avons pu écouter tremblaient"
Dans ce long témoignage, Judith Godrèche a expliqué que Benoît Jacquot l'aurait soumis à "jeux sexuels" quand elle était adolescente : "Chez lui, il me dit d'enlever mon pull, qu'on va faire un jeu sexuel. Je dois me mettre sur l'escalier, dos à lui et fermer les yeux. Il prend sa ceinture, se met à me fouetter. Je le laisse faire un coup, deux coups, mais je ne peux pas". Elle évoque également des "rapports sexuels brutaux".
Au sujet de Jacques Doillon, Judith Godrèche a rapporté des violences sexuelles présumées, qui auraient notamment pris place lors d'une audition, où était présente Jane Birkin. Celle-ci la relatée dans son autobiographie.
Lors de la Marche du 8 mars, la comédienne française s'est vue saluée d'un collectif "Judith, on te croit", émanant des cortèges de manifestantes présentes place de la République. Sur son compte Instagram, Judith Godrèche a réagit ainsi, très émue elle aussi : "Merci. J'espère être à la hauteur de tant de générosité".