Tendre l'oreille, c'est aussi écouter les victimes.
C'est pour cela que cette année, le festival de musique Rock en Seine s’engage contre les violences sexistes et sexuelles, ou "VSS". Et ce, en déployant une intéressante initiative. A savoir ? Elle consiste à mettre des mots sur ces violences justement, et à sensibiliser le public : il s'agit d'un questionnaire, remis notamment aux journalistes accrédités, et plus globalement à tous les "acteurs" de l'événement. Les questions sont très plurielles. Elles vont de la citation du Code Pénal à des données chiffrées, interrogeant directement les connaissances du lecteur.
L'idée ? "Défendre tous ensemble des valeurs de bienveillance, de tolérance et de respect, que ce soit pendant la durée du festival mais aussi dans les jours qui le précèdent et le succèdent" à travers "un questionnaire de sensibilisation". Et ces questions sont très diverses...
Ces questions, quelles sont-elles justement ?
Voici quelques exemples pour vous donner une idée : "D’après vous, quel est le pourcentage de femmes ayant été victimes de violences sexuelles en milieu festif ?", "Quelle signification donneriez-vous à l’acronyme « VHSS » ?", "Quelles violences sexistes et sexuelles correspondent à une agression sexuelle selon le Code Pénal ?", "Quels facteurs sont susceptibles d’aggraver la peine encourue par l’auteur·ice de violences sexistes et sexuelles selon la loi ?"...
Mais encore : "En 2019, 1 femme sur 3 a déjà été agressée sous l'influence d'un produit au moment des faits. Il s’agit du même produit dans 59% des cas. (Global Drug Survey, 2019). Selon vous, lequel ?", "Selon vous, parmi ces trois propositions quelle est l’infraction la plus répréhensible d’après le droit pénal ?", "Que dire à une personne victime qui me signale une situation de harcèlement sexiste ?"
On observe une constance dans ce panel, pensé en cohésion avec l'association féministe Nous Toutes (qui collabore avec Rock en Seine) : associer à des questions très pragmatiques de nombreuses données, des renvois à la Loi, des citations directes d'enquêtes et de rapports très chiffrés sur le sujet (directement référencés dans le texte). La démarche est exemplaire, car on minimise énormément nos connaissances de ces enjeux-là. Et si d'autres organisateurs d'événements en prenaient de la graine ?
Proposition d'autant plus limpide à l'heure où les enquêtes dédiées aux festivals s'accumulent. Et où, comme le rappelait encore Marie Claire récemment, 57% des femmes disent "ne pas se sentir pas en sécurité seules" en milieu festif (selon l’association Consentis). 60% affirment quant à elles avoir été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle.
Avec ce questionnaire qui a pour but "de donner des éléments théoriques pour comprendre les violences sexistes et discriminatoires", mais également de savoir comment réagir et adopter les bons réflexes lorsque l'on est témoin, Rock en Seine marche sur les pas du mouvement #MusicToo, qui dénonce les "VSS" dans la sphère musicale.
Et conclue : "Il en va de notre responsabilité de faire de Rock en Seine un festival où tout le monde se sent en sécurité".