Marilyn Manson ne sera finalement pas poursuivi.
Les poursuites viennent d'être abandonnées à l'encontre de la célèbre rockstar, accusée depuis plusieurs années par plusieurs femmes de viols et d'agressions sexuelles, pour des faits présumés qui auraient été commis entre 2009 et 2011. Pourquoi cette décision actuelle du parquet de Los Angeles ? Par "manque de preuves", argument ordinaire en ce qui concerne notamment le classement sans suite des plaintes (on vous en parle ici à propos d'un artiste français bien connu).
Mais aussi : par prescription des faits. Encore une fois, une formule bien connue des victimes de violences sexuelles.
Parmi les paroles les plus sonores, celle de son ex compagne, l'actrice Evan Rachel Wood, qui accuse le chanteur de l'avoir violée lors du tournage d'un clip, Heart-Shaped Glasses, en 2007, durant la mise en scène d'une séquence de sexe simulée.
"Cela ne s'est pas du tout passé comme je pensais que ça allait être. Nous avons fait des choses qui n'étaient pas ce qui m'avait été proposé. Nous avions discuté d'une scène de sexe simulée, mais une fois que les caméras ont tourné, il a commencé à me pénétrer pour de vrai", avait fustigé la comédienne en 2022, insistant sur son absence de consentement durant ce tournage.
"Je ne savais pas comment me défendre ou dire non parce que j'avais été conditionnée et entraînée à ne jamais répliquer – à me battre... Je me sentais dégoûtante". En 2018, la comédienne avait déjà témoigné devant le Congrès américain des agressions qu'elle expliquait alors avoir subies, sans nommer Marilyn Manson. C'est quatre ans plus tard qu'elle a décidé d'attaquer l'artiste de la scène métal. Jusqu'à l'aborder ouvertement dans son documentaire Phoenix Rising.
Parmi les accusations visant la star, l'on trouvait également la prise de parole forte de l'actrice Esmé Bianco (Game of Thrones), qui, elle aussi, a dénoncé des faits présumés de viol et d'agression sexuelle.
Et à l'annonce de cette décision juridique, c'est toute une partie des fans qui réagit...
Marilyn Manson, libéré de toute charge éventuelle ?
Sur les réseaux sociaux, les réactions pullulent face à ce qui apparaît comme un cataclysme, notamment pour les militantes féministes. Si certains fans se réjouissent de cette résolution, considérant là une preuve de l'innocence de la star, d'autres à l'inverse apportent leur soutien aux victimes présumées. Et ne cachent pas leur déception face à cette décision du parquet de Los Angeles, qui pourrait clore une affaire agitant la Toile depuis quatre ans déjà.
"Est-ce que vous pouvez vraiment regarder ce mec et m'assurer que c'est un bon conjoint ?", s'interroge ainsi une internaute perplexe. "Donc on doit vraiment croire que ces femmes mentent c'est ça ?", "C'est fou à quel point les hommes défendent toujours les hommes", s'indignent d'autres voix parmi les lecteurices du magazine People.
Certains fans prennent d'ailleurs ouvertement position dans cette affaire. "Un gros soutien à Evan Rachel Wood", "Les femmes ne sont jamais crues", "C'est si décevant comme finalité", "Ce n'est pas normal que les hommes restent toujours impunis", "Personne ne mérite d'être maltraitée, je suis désolée pour Evan Rachel Wood", peut-on effectivement lire.
Esmé Bianco elle aussi s'est exprimée.
A travers ce message diffusé sur ses réseaux sociaux : “Bien que je sois profondément déçue par la décision du procureur de ne pas engager de poursuites contre Brian Warner, je ne suis malheureusement pas surprise. Dans notre culture toxique qui blâme les victimes, avec une compréhension insuffisante du contrôle coercitif et de la nature complexe des agressions sexuelles dans les relations intimes, les poursuites judiciaires font souvent face à des obstacles insurmontables”
Ici, l'actrice aborde le victim blaming. Soit le fait de minimiser les déclarations des victimes de violences sexuelles, voire, de mettre à mal leur crédibilité, en jugeant, la plupart du temps, leurs propos, leurs actes, leurs attitudes.
Beaucoup voient là un "retour de bâton" face aux avancées engendrées par le mouvement #MeToo depuis 2017. Dans le jargon, on appelle plus précisément cela un "backlash" (on vous en parle ici). Il faut dire que "l'affaire Manson" est évoquée depuis 4 longues années au sein des médias. Pour beaucoup, c'est un enquête capitale. Qui a fait réagir partout, jusqu'en France.
Effectivement, le directeur du Hellfest, le festival de musique métal de Clisson, Ben Barbaud, s'était maintes fois exprimé sur son choix de ne plus programmer Marilyn Manson, alors que le festival fait l'objet de critiques concernant la présence d'artistes au coeur d'allégations graves - tel Till Lindemann du groupe Rammstein, accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes. Suite à cette décision, qu'en sera-t-il de l'éventuelle programmation de Manson au sein de l'événement hexagonal ?