La justice française n'est pas à la hauteur en matière de violences sexistes et sexuelles. On vous en parlait déjà dans cet article à propos de Giulia Foïs, cette journaliste victime de viol qui exprimait son regret d'avoir porté plainte. Le 6 décembre, le journal Le Parisien a publié un témoignage qui lui fait écho. Celui de Talia, 37 ans, l’une des victimes présumées de l’ex-boulanger réputé Frédéric Pichard.
Frédéric Pichard était un boulanger renommé. Vainqueur de concours prestigieux, il avait une boulangerie dans le XVe arrondissement de Paris. L'établissement a fermé en 2021 après que sa belle-fille Talia et une dizaine d’employés l'aient accusé d'agressions sexuelles et de harcèlement moral. Talia a même déposé plainte contre lui en avril 2020 pour des viols répétés qu’il aurait commis pendant 15 ans. Elle a aussi porté plainte contre Geoffrey Pichard, le fils du boulanger qui est aussi son ex-mari, mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de 15 ans et placé sous statut de témoin assisté pour les viols présumés commis sur Talia.
Cela fait donc 4 ans que Talia attend le procès de son violeur présumé qui pourrait lui rendre justice. Mais ce jour n'arrivera pas, car Avec sa mort, les perspectives de réparation de ses victimes présumées à travers un procès et une possible condamnation meurent avec lui. Pour Talia et son avocate, ce dossier illustre bien les lenteurs de la justice en matière de violences sexistes et sexuelles. Car le boulanger a mis fin à ses jours juste après sa mise en examen, soit quatre ans après le dépôt de plainte de Talia.
"C’est absolument insupportable. On ne met pas quatre ans à mettre un violeur en examen", s'est insurgée Me Marie-Paule Pioli, l'avocate de Talia. De son côté, Talia exprime le regret de tous les efforts déployés ces quatre dernières années, en vain. "On encourage les femmes victimes de viol à porter plainte, et au final il ne se passe rien", a-t-elle confié au Parisien avec émotion. Des regrets aussi grands que celui de ne jamais avoir d'explications de la part de son ex beau-père. "Il m’enlève le droit de m’exprimer face à lui. Je me dis que c’est encore quelque chose qu’il m’empêche de faire", explique-t-elle.
Son avocate a annoncé intenter une action en responsabilité de l’État.