L'inceste est un fléau qui continue d'affecter de nombreux enfants. L'année dernière, à la même période, nous vous rapportions dans cet article ces chiffres de Face à l'inceste x IPSOS : près de 2 Français sur 5 connaissent au moins une personne victime d'inceste. Et si l'on est plus habituées à entendre les témoignages de violences sexuelles de la part de femmes, ce témoignage est d'autant plus important car il rappelle que les hommes aussi en sont victimes.
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Le 15 janvier, le rappeur surnommé D', du groupe Kabal, a témoigné dans l'émission Clique des violences sexuelles dont il a été victime lorsqu'il était enfant. Il en parle plus en détails dans un livre intitulé "Ma honte : autobiographie d'un enfant violé", publié aux éditions Diable Vert.
Le rappeur confie avoir d'abord été violé par sa mère à l'âge 6 ans avant d'être violé par sa tante à 9 ans. La sœur de sa mère, alors âgée d'une vingtaine d'années, vivait chez eux. Un foyer dans lequel régnait déjà tout forme de violences et qui a donné à D' l'idée de surnommer sa mère "ma tortionnaire". "J'ai toujours pensé que si ma tante avait pu entrer par effraction dans mon intimité, c'est parce que la porte avait déjà été fracturée avant", écrit-il.
Le rappeur explique le chemin parcouru jusqu'à la réalisation des sévisses subis. "Quand on est victime de violences, dans l'absolu, on passe un temps très très long à reconstituer le puzzle, explique-t-il. On passe un temps à s'interroger sur ce que l'on ressent : est-ce que c'est vrai ? Est-ce que je fabrique ? Parce que la société nous raconte que les enfants mentent, que les enfants racontent des choses."
Il explique également la difficulté encore plus grande pour les garçons à réaliser qu'ils ont été victimes de violences sexuelles. "Quand on est sociabilisé, en tant que garçon, ça arrive avec tout un tas de prérequis, précise-t-il. Moi, enfant, on m'a jamais dit que se rapprocher physiquement d'une adulte, d'une personne adulte, c'était pas bien. On m'a jamais dit que ressentir du plaisir au contact d'une adulte, c'était bizarre. On m'a appris un peu plus tard que pour les petites filles ça posait problème, et c'est ce qui m'a aidé d'ailleurs. S'il n'y avait pas eu l'accumulation des travaux de la culture féministe, un peu partout, je n'aurais jamais compris ce qui m'est arrivé."
On rappelle que le numéro d'appel pour les enfants en danger est le 119.