






Le foot, condensé de masculinité toxique ?
On a beau lutter contre la stigmatisation et les préjugés à propos d'une certaine culture foot, les derniers scandales médiatiques à ce propos font pencher la balance du mauvais côté.
Entre le déferlement de commentaires homophobes dont a fait l'objet Benjamin Pavard, ex star des Bleus (on vous en parle ici), même de la part de ses collègues de crampons, pour avoir simplement porté un débardeur blanc (oui), les moqueries à l'égard de Jules Koundé et de son style flamboyant, les éternelles polémiques au sujet d'un "folklore" banalisant sexisme et homophobie, les commentaires accompagnant les matchs de foot féminin et, aujourd'hui... Les insultes proférées à l'encontre d'Adrien Rabiot, et de ses parents.
Dont sa mère, cible d'une misogynie crasse.
Ancien cador du PSG passé à l'OM, Adrien Rabiot éveille l'animosité des supporters les plus "décomplexés" de par cette évolution de mercato envisagée comme une ultime "traîtrise". De là, découle une haine et un lexique dignes de ceux qu'a pu capturer Jean-Pierre Mocky dans sa satire virulente sur les supporters. Le drame étant que l'agitation en question est, hélas, bien réelle. Et les banderoles brandies au Parc des Princes se passent de commentaires : "Pute de mère en fils", déploient fièrement des fidèles du Paris Saint Germain. Entre autres.
Une situation très commentée par le principal concerné. Et pas seulement...
Adrien Rabiot lui-même s'est exprimé.
Et fustige cette situation déplorable : "Insulter une mère, et un père décédé… tout se paye un jour", a-t-il commenté avec émoi l'espace d'une publication partagée sur ses réseaux sociaux. "Vous ne l’emporterez pas au Paradis. Croyez-moi",
Sa mère, Véronique, qualifiée de bien des noms d'oiseaux au fil des banderoles, a également brisé le silence...
S'exprimant ainsi suite à la déclaration animée du milieu marseillais, dont elle est également l'agente : "Je ne comprends pas pourquoi le match n’a pas été arrêté. Tout le monde avait été prévenu. On a dit s’il y a des chants homophobes, on arrête le match. “Rabiot on t’encule”, c’est quoi ?... C'est dingue tout ce qui peut être dit, écrit, sans que personne ne réagisse"
Véronique Rabiot, à franceinfo toujours, a également partagé sa décision : porter plainte.
Tel que l'énonce encore Foot Mercato, la Fédération française de football a de son côté dénoncé des insultes "indignes, honteuses et révoltante".
Adrien et Véronique Rabiot sont témoins, à l'évidence, de la misogynie décomplexée de nombreux supporters, banalisée depuis une éternité sous l'appellation de "folklore" ou "chambrage", le même "folklore" qui semble normaliser l'homophobie et les menaces de mort. Lequel "folkore", quand il émane du public, prend diverses formes et touche toutes les catégories professionnelles présentes autour du stade.
On se rappelle à ce titre de ces mots de l'arbitre Stéphanie Frappart, dans les pages de So Foot : "Dès les premiers matchs, ça arrive rapidement le sexisme. Ce n’est pas vraiment le fait des acteurs, des dirigeants ou des clubs. Ça vient généralement du public, car c’est de là qu’il y a souvent des mots à connotation misogyne qui fusent, comme par exemple : « Va faire la vaisselle. »..."
"Dès les premiers matchs en Ligue où vous arbitrez les catégories seniors, à 16-17 ans. Il y a déjà des enjeux sportifs pour tous les clubs, à leur niveau. Moi, je ne les entendais pas beaucoup, mais je sais que ma mère qui m’accompagnait dans les stades ne restait pas dans la tribune. Elle allait faire le tour du terrain, car sinon parfois elle répondait aux insultes… Il y avait trop de mots prononcés inaudibles pour une mère qui aime son enfant et qui vient juste la regarder arbitrer un match de football"
"Ce qui m’a fait tenir, c’est la passion du foot et de l’arbitrage justement. Le haut niveau, c’est dur, car il y a l’aspect financier, la pression médiatique, beaucoup d’enjeux. Mais le niveau amateur, c’est dur parce qu’on peut risquer sa vie à tous les matchs. Quand vous allez dans certains stades où ça se termine en bagarre générale, vous ne comprenez pas forcément – quand vous avez 16 ans – pourquoi des adultes se battent pour du foot. Il y a encore beaucoup trop d’agressions d’arbitres, de joueurs, de règlements de comptes qui se passent sur les terrains"