Près de 2 Français sur 5 connaissent au moins une personne victime d'inceste. Cela, c'est le dernier rapport de Face à l'inceste x IPSOS qui nous l'apprenait. Dans la majorité des cas, la victime est un ami ou une connaissance. Dans 34% des cas, c'est, directement, une personne de la famille. 7,4 millions de personnes déclarent avoir été victimes d'inceste. 65 % de femmes et 35 % d'hommes... Des données alarmantes.
Tout aussi alarmant est un autre rapport de référence : celui de l'ONU. Des expertes indépendantes en appellent à des actions immédiates face à un fléau qui exige, à les lire, "d'agir de toute urgence". On les lit : "Il est essentiel de sensibiliser les responsables de l'application de la loi et de la justice et de renforcer leur capacité à surveiller et à traiter efficacement les violations des droits de l'homme dont sont victimes ces enfants et leurs mères"
Les mères. Voilà le sujet au coeur de ce rapport. Qui, rédigé par deux rapporteuses spéciales et cinq expertes du Groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles, l'indique noir sur blanc : "Il faut s'attaquer aux traitements discriminatoires et aux violences subies par les mères qui tentent de protéger leurs enfants de la prédation sexuelle".
Mais ca veut dire quoi, au juste ?
Cela signifie que les mères de famille, selon ces expertes, sont encore insuffisamment considérées par la Justice, dans la prise en compte d'alertes et de témoignages par exemple. Rappelons une chose à ce sujet : dans plus de trois quart des situations incestueuses rapportées par Face à l'inceste x IPSOS, c'est à dire dans la grande majorité, la personne à l'origine de ces comportements...est un homme de la famille.
Or, les prises de parole seraient encore bien trop délégitimisées. Ou pour le dire autrement, sur certaines affaires, comme le cas retentissant de la mère de famille Priscilla Majani : "Malgré des allégations crédibles d'abus sexuels et de violences incestueuses sur des enfants par leur père, la France a fait peu de cas des principes de précaution et de l'intérêt supérieur de l'enfant, et a autorisé la maltraitance de leurs mères"
Comme le relate ce rapport, relayé par le HuffPost, ces situations ne sont pas rares en France et elles conduisent à des impasses dramatiques : "les enfants se retrouvent finalement placés sous la garde des pères contre lesquels les allégations sont faites, et les mères sont sanctionnées pour enlèvement d'enfant pour avoir essayé de protéger leurs enfants". Un enjeu capital. Qui suscite encore bien trop de silence médiatique.