Onze ans durant, Priscilla Majani est restée une mère en cavale, fuyant à l'étranger avec son enfant de 5 ans à l'époque. C'est parce qu'elle accusait son ancien conjoint et père de sa fille, d'avoir violé cette dernière, qu'elle a fui en 2011, après le classement sans suite de la plainte qu'elle avait déposée. Si un examen gynécologique avait été jugé non concluant en 2011, Camille, aujourd'hui âgée de 17 ans, soutient la version des faits défendue par sa mère.
Ce 4 janvier, Priscilla Majani, 48 ans, a finalement été condamnée par la cour d'appel d'Aix-en-Provence à deux ans et neuf mois de prison ferme pour "soustraction d'enfant". "Priscilla Majani s'est placée dans la toute-puissance, en s'arrogeant le droit de disposer de la vie de l'enfant du couple au mépris total des droits du père, et alors même que l'enfant n'avait, à l'époque de la dénonciation, pas de perturbation affective dans sa relation avec son père", a précisément formulé l'arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, rapporte Le Monde.
C'est notamment le "traumatisme de la fille" qui a été mis en exergue durant ce jugement. En outre, placée en détention, Priscilla Majani est aujourd'hui privée de droits civiques, civils et de famille pendant trois ans, et condamnée à verser 30 000 euros à son ex-époux, Alain Chauvet, au titre du préjudice moral.
En septembre 2022, elle avait déjà été condamnée par le tribunal correctionnel de Toulon à cinq ans de prison. C'est notamment en Suisse que l'accusée avait vécu sous une fausse identité. Un jugement qui se voit cependant contesté par plusieurs soutiens.
Effectivement, de nombreuses voix n'hésitent pas à défendre Priscilla Majani aujourd'hui. A travers ces soutiens est notamment mis en évidence le fait que la cour d'appel d'Aix-en-Provence n'a finalement pas retenu le "délit de dénonciation mensongère" à l'encontre de l'ex-conjoint. Le hashtag #JauraisFaitCommeElle est employé par celles et ceux qui revendiquent leur soutien envers la mère de famille condamnée. Parmi ces paroles, des noms connus : Andréa Bescond, Eva Darlan, Corinne Masiero, Enora Malagré, Anny Duperey... Des personnalités notamment engagées pour les droits des femmes et pour la libération de la parole face à l'inceste.
Une pétition exigeant la relaxe de l'accusée a été également été largement relayée. Un texte ayant récolté plus de 21 000 signatures. "Encore une fois, la justice française a encore fait preuve de cécité : Priscilla Majani est lourdement condamnée. Malgré #MeTooInceste, il est encore plus facile de prouver, aux yeux de la justice, la fuite, la disparition plutôt que l'inceste, les agressions sexuelles et les violences intra-familiales. Saisissons-nou-e-s de cette affaire pour faire pression sur le système judiciaire en appel. Invoquons le principe de précaution dès qu'une plainte est déposée dans l'intérêt supérieur de l'enfant".
Son avocate, maître Sophie Benayoun, qui cherche désormais à obtenir une libération conditionnelle pour sa cliente, considère de son côté que cette décision de justice "démontre un aveuglement de la justice face aux violences faites aux enfants".
"Madame Majani a été relaxée du chef de dénonciation calomnieuse, ça veut bien dire qu'elle n'a pas menti, qu'elle a rapporté la parole de sa fille et que c'est une mère protectrice", a-t-elle encore développé. Une décision qui fait encore beaucoup réagir.