Près de 2 Français sur 5 connaissent au moins une personne qui a été victime d'inceste. Dans la majorité des cas, la victime est un ami ou une connaissance. Dans 34% des cas, c'est une personne de la famille. Ces infos glaçantes, c'est une enquête de l'association Face à l'inceste et d'IPSOS qui nous l'apprend.
A l'occasion de la date anniversaire de #MetooInceste, cette étude éclaire la la réalité de l'inceste en France. Ce sont 7,4 millions de personnes qui déclarent avoir été victimes d'inceste. Parmi elles, l'on dénombre 65 % de femmes et 35 % d'hommes. Ce sont des chiffres primordiaux à l'heure où l'avenir de la Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) semble en péril...
Et où des voix d'autant plus retentissantes se sont exprimées sur ce fléau, comme celle d'Emmanuelle Béart par exemple, qui, à l'instar de Flavie Flament et Vanessa Springora, est venue soutenir la Ciivise l'an dernier. Mais d'autres chiffres éloquents ressortent également de ce rapport édifiant.
A ces chiffres, faut-il encore ajouter l'étendue des "situations incestueuses" dont on pu témoigner les sondés : des agressions sexuelles, des actes d'exhibitionnisme, des viols, du harcèlement sexuel, des photographies pornographiques.... Dans plus de trois quart des situations, c'est à dire dans la très grande majorité des cas, relate le rapport, la personne à l'origine de ces comportements...est un homme de la famille.
C'est à dire : un père, un oncle, un grand-père. Les mots de l'enquête sont à ce titre percutants de lucidité : "L'inceste est un secret bien gardé, bien que le plus souvent plusieurs personnes aient été au courant de la situation". Secret qui trop souvent le reste : ainsi, moins d'une personne interrogée sur trois déclare que des autorités judiciaires, éducatives ou médicalesont été informées des violences subies. Un dépôt de plainte n'a lieu que dans 3 cas sur 10...
En 2024, nous relate Face à l'inceste dans un communiqué revenant sur cette enquête, "le nombre de victimes n'a pas faibli". Plus encore, moins d'une victime d'inceste sur deux aurait été protégée "une fois la révélation faite" et la parole de la victime serait encore bien minimisée, voire ignorée, dans trois cas sur cinq. Libération de la parole, mais à quand celle de l'écoute ?
De quoi raviver ces mots de Camille Kouchner : "Je déteste cette notion de libération de la parole. Pour moi, elle charge les victimes d'agressions sexuelles d'une responsabilité immense. Il y a peut-être une libération de l'écoute, mais si nous sommes tellement nombreux à parler, ça montre à quel point les violences sexuelles ne sont pas encore assez prises en compte".
Selon l'association, il importe que jamais qu'un "plan gouvernemental ambitieux" se mette en place afin de lutter efficacement contre ces violences qui se perpétuent. "Selon nous, la prévention est la meilleure voie à emprunter car elle évite la souffrance aux enfants. Elle doit être généralisée à toutes les sphères de la société : famille, école, médical, associatif...", précise encore l'assoce.
A juste titre.