"Monsieur le président de la République...". C'est par cette formule que nous interpelle une tribune signée par Emmanuelle Béart, Anna Mouglalis, Vanessa Springora ou encore Flavie Flament. Elles sont une soixante, les personnalités à soutenir ce texte très important publié sur "Le Monde".
Le but ? C'est simple : exhorter Emmanuel Macron à "maintenir durablement" la Ciivise, autrement dit la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
Créée en janvier 2021, et initiée suite à l'affaire Camille Kouchner (avocate et autrice de La familia grande, où elle accuse son beau père Olivier Duhamel d'avoir abusé et agressé sexuellement son frère jumeau), la Commission oeuvre fortement depuis plus de deux ans à lutter contre l'inceste.
En avril dernier encore, son dernier rapport nous apprenait un fait accablant : de 160 000 mineurs subiraient des violences sexuelles chaque année. Rapport conséquent s'il en est : il se constitue de 80 pages et prend en compte pas moins de 11 400 témoignages de victimes.
Or, la Ciivise devrait mettre fin à ses travaux en décembre 2023.
Et cela ne passage du côté des militantes, et des signataires, qui défendent son maintien...
Les signataires de la tribune l'affirment sans détour : "Les deux années d'existence de la commission ne sauraient suffire. La fermer, c'est dire aux victimes : "On vous a assez entendues".
"Et le coût du maintien de cette commission est dérisoire face au coût du déni. La sortie du silence est longue, très longue. En créant la Ciivise, vous avez créé un espoir. Vous avez eu raison. Cet espoir ne peut être déçu", affirment autrices et auteurs, en s'adressant directement à Emmanuel Macron.
Depuis le 21 septembre 2021, 25 000 témoignages auraient été recueillis par la Ciivise. La tribune rappelle l'importance de sa création : "Cela a créé un espoir pour les 5,5 millions de victimes. Enfin, leur témoignage serait pris au sérieux. Leur parole serait entendue. Et leur dignité restaurée", se remémore le texte.
En avril 2022, la Ciivise en appelait une nouvelle fois à agir contre l'inceste. Concrètement. En repérant les violences dès le plus jeune âge, en déployant dans le pays des unités d'accueil et d'écoutes pédiatriques, en permettant une meilleure formation des professionnels de la petite enfance, en assurant une formation des policiers pour que ces derniers améliorent leur prise de témoignage... Des mesures qui comptent.
Et des travaux qui méritent de perdurer. D'autant plus à l'heure où la parole se libère plus fortement, du documentaire porté par Emmanuelle Béart au mouvement #MeTooInceste.