
"On m'a fait passer pour une folle"
Anouk Grinberg brise enfin le silence. C'est l'une des très rares comédiennes françaises de grande notoriété à avoir pris position en faveur du procès de Gérard Depardieu. Comme nous vous le relations sur Terrafemina dans plusieurs articles, celle qui a fait son grand come back dans L'innocent et La nuit du 12 a dénoncé ces dernières années ce qu'elle décrit comme une attitude condamnable de la part de "l'ogre du cinéma hexagonal" sur les plateaux de tournage : propos et comportements déplacés, harcèlement sexuel, etc.
Et l'actrice n'a pas fini de s'exprimer.

Car dans son livre Respect, où elle évoque des événements méconnus du grand public, notamment au sujet du cinéaste Bertrand Blier, elle dénonce... l'inceste dont elle a été victime. Agressée sexuellement par son grand frère d'abord. Puis par son beau père. Des mots douloureux mais importants.
Il faut l'écouter.
La parole autour de l'inceste se libère.

Près de 2 Français sur 5 connaissent au moins une personne victime d'inceste. A Pierre Lescure, la cinéaste Hélène Merlin, qui raconte sa propre histoire, traumatique, dans le film Cassandre (on vous en parle ici), dénonce et déplore : "On connaît tous, de plus ou moins loin, quelqu'un qui a subi ça".
C'est ce qu'essaie d'exprimer Anouk Grinberg lorsqu'elle explique : "On voudrait aujourd'hui que les femmes épargnées, les femmes qui aiment le pouvoir, ne soutiennent pas leur amis, frères, pères agresseurs en dénigrant celles qui osent parler. On aimerait que les plus abîmées osent percer le silence car dire la vérité est une victoire sur la mort, et une main tendue vers les autres"
"On aimerait que chacun et chacune prenne sa part du vieux monde à déconstruire", poursuit-elle. Des propos rapportés par VOGUE.

Agressée sexuellement par son grand frère puis par son beau père, la comédienne fustige dans son livre coup de poing, et sur le plateau de l'émission La grande librairie : “Je n’ai rien dit, plus jamais, après ces agressions. On m’a fait taire. Pas à coups de bâtons, ça ne se passe pas comme ça l’omerta"
"L’omerta, c’est quand on vous fait passer pour folle, menteuse, mythomane… et actrice, évidemment, comme si je cherchais la lumière”
Un "victim blaming" hélas très "ordinaire" pour bien des personnes concernées.

De quoi rappeler les mots d'Iris Brey, co autrice de l'essai collectif La culture de l'inceste, ouvrage qui explore ces violences : "De la même manière qu'on a pensé que le viol était un fait exceptionnel, quelque chose qui se déroule tard le soir, dans un parking, perpétué par des monstres, avant de démontrer le contraire, il faut rappeler que l'inceste n'est pas une exception.
Il touche une personne sur dix. Et les hommes qui le font - car ce sont majoritairement des hommes - ne sont pas forcément des monstres, mais des individus qui pensent qu'ils peuvent "se servir. Dans ce rapport de domination, l'inceste touche une grande majorité de personnes considérées comme des "minorités" : les femmes, les enfants, autrement dit toutes les personnes qui ne dominent pas"