Gérard Depardieu est accusé de violences sexuelles par 13 femmes : propos salaces, mains posées sur les cuisses, les jambes et les fesses, humiliations en public, insultes sexistes... De nombreux témoignages édifiants relatés au sein d'une enquête ambitieuse de "Médiapart".
La première femme à avoir libéré la parole à ce sujet est l'actrice Charlotte Arnould. La jeune comédienne, qui a connu Gérard Depardieu, ami de son père, encore enfant, a relaté des faits présumés de viols. Une voix qui en octobre dernier s'est retrouvée appuyée par une icône du cinéma français des 90s : l'actrice Anouk Grinberg.
Dans ELLE, celle-ci avait dénoncé : "Je ne veux plus me taire. Le silence dans ce milieu est assourdissant. Il doit cesser. Charlotte est seule face à tous... J'ai tourné avec Depardieu en me bouchant le nez tous les jours et je l'ai entendu débiter ses ordures sexuelles aux autres femmes sur le plateau".
"Personne, jamais, ne lui a dit 'Ta gueule !', et il disait en ricanant : 'Il faut que je fasse gaffe, la justice m'emmerde à cause d'une petite qui me traîne en justice'... Je l'ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant. Je l'ai entendu parler toute la journée de leur moule, de comment il aimerait les sucer toute la journée et personne n'a jamais rien dit"
Et aujourd'hui, Anouk Grinberg s'est de nouveau exprimée à ce sujet sur les ondes de France Inter. Un reportage accablant du magazine "Complément d'enquête" dédié à Gérard Depardieu l'a effectivement incité à lever la voix. On l'écoute : "Il est comme ça, car tout le monde lui permet d'être comme ça. Il se conduit comme une crapule avec les femmes..."
Sur Inter, les mots d'Anouk Grinberg résonnent : "Depardieu, c'était un des monstres du cinéma, mais ça l'a autorisé, et tout le monde l'a autorisé, à devenir un monstre tout court... Beaucoup choisissent la cécité, l'indifférence, le déni pour sauver quelque chose de sacré. Peut-être que la justice peut aider à mettre un arrêt à cette course folle que le cinéma permet ?".
La comédienne nous invite à interroger le milieu du cinéma français, synonyme d'entresoi et de secrets de Polichinelle, le culte des grands acteurs, la culture du viol... Mais également la controverse "de l'homme et de l'artiste" et la difficulté à s'exprimer dans ce vase clos. Elle affirme ainsi : "Sur tous les plateaux de tournage il est comme ça, et sur tous les plateaux de tournage, les gens sont indifférents, ce qui donne vraiment à réfléchir"
"Je ne savais pas comment faire pour parler. Mais il vaut mieux avoir du courage 33 ans après que jamais", argumente encore la comédienne à propos de sa prise de parole actuelle. L'actrice propose de privilégier une autre libération, celle de l'écoute, et un mot clef : la sororité, à l'égard des victimes présumées.
Le "Complément d'enquête" dédié au "monstre sacré" a énormément fait réagir. On y voit le comédien, en Corée du Nord, commenter l'entraînement, à cheval, de jeunes filles, dont une enfant : "Les femmes adorent faire du cheval. Elles ont la chatte qui frotte sur le pommeau de la selle. C'est des grosses salopes. Si jamais il galope, elle jouit. C'est bien ma fifille, continue !"
Pour Anouk Grinberg, "l'affaire Depardieu" est emblématique d'une omerta qui règne dans l'industrie culturelle : "Les hommes se protègent entre eux dans le cinéma. Je n'ai jamais vu d'hommes intervenir pour freiner le comportement de Depardieu, jamais. Mais aucune femme non plus...", détaillait-elle à ELLE.
Un témoignage en forme de poing levé.