
3615 male tears, j'écoute !
La commission d’enquête sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité se poursuit. Après avoir entendu les témoignages de victimes, de témoins ou de journalistes ayant enquêté sur ce sujet, les auditions donnent désormais la parole aux autres. Ceux qui ont pu voir ou au moins savoir mais n'ont rien dit, n'ont rien fait, ou pire, se sont eux mêmes montrés coupables de violences sexistes et sexuelles.

Comme nous vous le disions dans cet article, des acteurs célèbres comme Gilles Lelouche, Jean Dujardin ou encore Pio Marmaï ont été entendus. Qu'il s'agisse d'eux ou de Dominique Besnehard, l'ex-agent de stars dont nous vous parlions dans cet article, ce nouveau chapitre de la commission d'enquête se place sous l'égide du "ouin ouin" masculin et d'une parole hégémonique à côté de la plaque.
Le 17 mars, un nouveau membre du boys club s'est exprimé en la personne de Nicolas Ronchi. Le directeur de casting a commencé par dire qu'il trouvait "très positif d'inciter des victimes à signaler le moindre propos, geste ou acte subi comme une violence à leur agent, à la production puis le cas échéant à la police et à la justice". "Pour moi c'est une question de bon sens", a-t-il affirmé.
Et puis, lorsqu'il a dit "en revanche", c'est là qu'on a senti le vent tourner et qu'on a attaché nos ceintures. "En revanche, a-t-il poursuivi, ce que je déplore c'est la dérive des dénonciations fatalement arbitraires quand elles sont faites dans les médias et donc les réseaux sociaux et leurs hashtags."

Selon lui, "ces dénonciations sont colportées en particulier par les concurrents qui en rajoutent pour construire de bonnes petites rumeurs et avant même que la justice soit saisie, le ou la dénoncé est déjà condamné et ses clients producteurs et metteurs en scène se sont mystérieusement envolés". Le fameux "tribunal médiatique", vous savez ? Celui qui soit disant brise des carrières, comme celle de Woody Allen, d'Ary Abittan qui joue son nouveau spectacle ou encore de Gérard Depardieu à l'affiche de Travel Agents...
Puis Nicolas Ronchi s'est aventuré à dire ce qu'il jugeait bon ou pas pour la lutte en faveur des droits des femmes. "Je ne pense pas non plus que le fameux "on te croit" serve la cause", pardon, a-t-il osé sans sourciller. Pour rappel, "on te croit" est le message adressé aux victimes présumées lorsqu'elles témoignent des violences sexistes ou sexuelles qu'elles auraient subi.

Bien que cela soit hors sujet, il a quand même semblé bon à Ronchi d'expliquer aux pauvres esprits étriqués de l'Assemblée, que "ce n'est pas parce que quelqu'un se plaint ou dénonce que ça devient une vérité indiscutable, sauf si l'on décide de s'asseoir sur l'autorité judiciaire qui a priori est quand même la seule habilitée dans une démocratie digne de ce nom, à estimer ce qui est certainement vrai, impossible à prouver ou probablement faux."
Sur Instagram, l'association Me Too Media, a réagi à aux propos de Ronchi en expliquant que ce qu'il appelle la "'violence des dénonciations' n’est rien comparé à la violence subie par les victimes". "'Je te crois' ne signifie pas condamner sans procès, mais refuser que la parole des victimes soit systématiquement mise en doute, a précisé le collectif. Trop longtemps, l’impunité a régné grâce au silence. Aujourd’hui, la honte doit changer de camp." Au suivant.