






Les 24 et 25 mars, Gérard Depardieu sera au tribunal correctionnel de Paris pour son procès et elles seront là aussi.
L'acteur de Cyrano de Bergerac est poursuivi pour avoir agressé sexuellement deux femmes, une décoratrice et une assistante réalisatrice, sur le tournage du film de Jean Becker, Les volets verts, en 2021. Elles avaient porté plainte en 2024 mais le procès prévu pour octobre avait été reporté en raison d'un problème de santé de l’acteur.
Cette fois, a priori, pas de report, et cela tombe bien car deux témoignages, sur les trois publiés par Médiapart le 19 mars, viendront s'ajouter à ceux des plaignantes.
Marie Dalibon, ancienne vendeuse chez Prada, et Aurélie Dauchez, journaliste, auraient été victimes de l'acteur dans le cadre de leur travail. Les faits se seraient déroulés le 21 février 2014 pour la première, et en novembre 2007 pour la deuxième. Pour Constance, dont le prénom a été modifié, les faits remonteraient au 3 septembre 1985, lors de l’avant-première du film Police, au cinéma Gaumont des Champs-Élysées, à Paris.
Pour toutes les trois, les faits sont a priori prescrits et elles n'ont pas porté plainte contre Depardieu. Mais, frappées par la lecture des enquêtes publiées par Médiapart sur l'acteur et ce comportement qu'elles reconnaissaient entre mille, elles ont décidé de témoigner, elles aussi.
Toutes ont également en commun de ne pas faire partie du monde du cinéma alors que c'était jusqu'à présent le cas de toutes les femmes qui avaient accusé l'acteur de faits similaires. Elles ont également toutes en commun d'avoir conservé une photo du jour où leur chemin a croisé celui de Depardieu. Pour deux d'entres elles, l'image a même été capturée au moment même où se déroulait l'agression.
Marie Dalibon raconte comment Depardieu est entrée un jour dans la boutique Prada où elle travaillait, apparemment ivre. D’après plusieurs témoins interrogés par Médiapart, il "sentait l’alcool", "était tout rouge" et "parlait très fort". "Il nous a serré la main en arrivant, et il a embrassé celle d’Aurélie, mais il ne la lâchait plus, se souvient sa collègue, Davila Sholay. Marie Dalibon affirme avoir ensuite subi des "attouchements sexuels" et des "propos sexuels injurieux" de la part de l'acteur.
Collé à Marie sur le canapé de la boutique, il aurait glissé sa main sous sa robe jusqu'à son sexe. Penché "de tout son poids" sur elle, il aurait "touché de façon effrénée le cadran de la Rolex" qu’il portait au poignet et lui aurait tenu des propos sexuels obscènes, affirme-t-elle : "Regarde, ça c’est ta chatte, et là tu vois je touche ton clitoris, je le touche, je le mange, je le suce, ça t’excite que je te touche comme ça ?" "J’étais sidérée, je ne disais rien, relate-t-elle. Il a continué en agitant de plus en plus vite sa main sur le cadran, en disant : “Tu vois, tu mouilles comme une salope, ça t’excite.”".
De son côté Aurélie Dauchez raconte que les faits se seraient déroulés sur le tournage de l'émission Deux, trois jours avec moi, une émission animée par Mélissa Theuriau sur Paris Première. Elle avait alors 27 ans et "débutai(t) dans le journalisme". Depardieu se serait mis à lui "masser le bas du dos" en descendant vers "[sa] jupe et [ses] fesses", "sans [son] autorisation", en ponctuant ses phrases de "râles". "Tout le monde a pris le parti de trouver ça assez drôle, donc j’ai ri bêtement avec la troupe", se souvient-elle.
Constance avait 23 ans lorsqu'elle s'est rendue à l'avant-première de Police ce jour de septembre 1985. Lors de la réception donnée après la projection, elle raconte avoir aperçu Gérard Depardieu qui posait avec Maurice Pialat, Nicolas Seydoux et un comédien du film, et avoir demandé si elle pouvait avoir des autographes et une photo "en souvenir".
C'est là que l'acteur aurait passé sa main autour de sa taille, comme le montre l'image qu'elle a confié à Médiapart. Il lui aurait "aussitôt mis la main aux fesses" puis lui aurait "tripoté la hanche droite".
Selon Médiapart, Gérard Depardieu n’a pas souhaité répondre au question du journal. Il aurait toutefois indiqué, par la voix de son avocat, Jérémie Assous, que le mail de questions adressé par le média "lui sera d’une grande utilité dans sa défense", car il "illustre une fois de plus que, faute pour les plaignantes de pouvoir prouver ce qu’elles allèguent, elles se retranchent derrière la calomnie face aux éléments démontrant la fausseté de leurs accusations".
Au total, elles sont désormais une vingtaine de femmes à avoir accusé Depardieu de harcèlement sexuelle, d'agressions sexuelles ou de viol. Un autre procès pourrait se profiler, le parquet de Paris ayant requis le 14 août le renvoi de l’acteur devant une cour criminelle pour viols et agressions sexuelles sur Charlotte Arnould.
À voir si Emmanuel Macron maintient que l'acteur "rend fière la France", comme il l'avait déclaré en décembre 2024.