40 accusations, 14 plaintes, dont trois pour viols et quatre pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel. Des accusations émises par une vingtaine de femmes. Que nous vous résumons en détail dans cet article.
Cela, c'est ce dont Patrick Poivre d'Arvor a fait l'objet. Et l’ancienne star de TF1 ne s'était guère exprimé, hormis pour nier les faits, par le biais de son avocate. Or, de nouvelles informations viennent d'être dévoilées, alors que dans le cadre de l’enquête le visant pour viol, Le Parisien a pu prendre connaissance d'un entretien du présentateur et romancier avec une psychologue "chargée de définir son profil et sa capacité de réinsertion".
Un document qui bouscule... Et indigne.
Cet épais rapport partagé par Le Parisien fait 17 pages.
Et qu'y apprend-t-on ?
Et bien, hormis la négation des allégations émises à son encontre, on découvre un peu plus la rhétorique de PPDA : “Il y a [les témoignages de femmes] pour qui je me dis ‘Bah oui, je comprends pas pourquoi elle s’en prend à moi alors qu’elle n’a cessé de vanter mes louanges... et d’autres où c’est la vengeance", affirme l'homme de 77 ans.
A la psychologue, experte auprès la cour d’appel de Paris, Patrick Poivre d'Arvor poursuit : "Quand il y a vengeance les choses sont très claires, en revanche pour d’autres je me suis réinterrogé. Je me dis que peut-être j’ai été indélicat. Mais vraiment, ce n’est jamais intentionnel et les rapports que j’ai eus avec ces femmes sont parfaitement consentis et en aucun cas violents"
Parmi ces "rapports", il résume ainsi sa vision de ce que dénonce sa première accusatrice, la romancière Florence Porcel : à l'image d'une "passion à sens unique sans qu’il y ait de [sa] part le moindre geste lui faisant penser qu’il y avait quoi que ce soit" et plus encore comme le fait d'une interlocutrice qui serait "sujette à l’érotomanie".
Difficile de ne pas voir là une rhétorique anti-MeToo dans la plus pure tradition, de celle que décrypte nous la journaliste féministe Rose Lamy dans cet article. Et un argumentaire identique à celui que nous déconstruisons ici, exemples à l'appui.
A savoir ? Dissociation entre "vraies" et "fausses victimes", argument de la "groupie" ou "ex" dite "folle" ou "pulsionnelle", emploi d'euphémismes ("indélicat"), et surtout, recours à l'argument de la "vengeance" : l'imaginaire de femmes vénales venues mentir pour de l'argent ou à cause d'un ressentiment personnel/professionnel.
Vous commencez à connaître. Mais qu'en dit la psy ?
Verdict de la psychologue dans ce document d'autorité, remis aux juges ?
"Patrick Poivre d'Arvor est un homme globalement peu enclin à se remettre en question et ayant des difficultés à correctement appréhender les relations hommes-femmes", détaille avec parcimonie l'experte auprès la cour d’appel de Paris.
"Ses capacités à se sentir concerné, à percevoir, à repérer, à appréhender les éléments de la subjectivité humaine sont restreintes. Il semblerait avoir des difficultés à se mettre à la place de l’autre"
Cela ne s'arrête pas là.
Autre révélation de cet épais dossier de 17 pages : "Il semble que le sujet présente la sensation récurrente et diffuse d’être voulu par l’autre. Cette sensation d’être voulu semble être là d’emblée, comme une certitude précédant la rencontre avec la réalité de l’autre"
Voilà qui fait écho aux nombreux témoignages.
"Poivre consomme et maltraite. J'ai été rabaissée et humiliée", avait témoigné la romancière Amandine Cornette de Saint Cyr. Première femme à porter plainte (c'était en février 2021), la romancière Florence Porcel avait quant à elle accusé notamment Patrick Poivre d'Arvor de lui avoir imposé une fellation forcée en 2009. Elle avait 25 ans. Marie-Laure Eude-Delattre, conseillère d'entreprises, avait expliqué avoir été violée par Patrick Poivre d'Arvor en 1985 : "J'avais 23 ans, et j'ai mis 36 ans à porter plainte. Il a fermé la porte d'une chambre d'hôtel à clé. Et là je l'ai vu nu comme un vers, qui se frottait sur le canapé. J'étais dans un état de sidération, je n'ai pas bougé...".
Entre autres prises de paroles, multiples, à retrouver ici.
Décryptage du collectif féministe Georgette Sand : "Les derniers rebondissements de l'affaire PPDA mettent en lumière cette brutale vérité : ce n'est pas de "libération de la parole" dont on a besoin. C'est que l'on écoute enfin les femmes qui, elles, ont toujours parlé".