"C'est si choquant l'écart d'âge" : Judith Godrèche partage des photos qui glacent les internautes

"L'écart d'âge est si visible, c'est si choquant"

Sur Instagram, Judith Godrèche a partagé des photos personnelles, issues des années 80. On l'y voit encore très jeune, et en contrechamp, Benoît Jacquot, qui l'a dirigé sur deux longs-métrages, de la fin des années 80 à la décennie suivante, et surtout, lui aurait infligé de nombreuses violences, dans l'intimité, dans le cadre de ce que l'actrice, à l'époque adolescente, définit comme "une relation d'emprise". Lors de leur rencontre, Benoît Jacquot avait 40 ans et Judith Godrèche, 14.

Judith Godrèche a effectivement porté plainte en février 2023 contre le cinéaste pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité", dénonçant dans une longue plainte "une entreprise de prédation", ainsi que des violences "physiques, sexuelles, psychologiques diverses". Ses accusations se retrouvent dans ce témoignage. Une longue enquête du "Monde" l'aborde.

"La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom. Il s'appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien", avait-elle dénoncé. Et la grande question que pose l'actrice depuis qu'elle a brisé le silence, c'est : pourquoi ? Pourquoi a-t-on pu accepter que la très jeune comédienne soit liée à un homme qui pourrait être son père, "relation" publiquement assumée, et tout à fait entendue par la presse culturelle d'alors ? Sur Instagram, elle vient donc de partager des photos inédites et glaçantes pour interpeller les internautes. On l'y voit en compagnie du cinéaste.

Et ces documents d'archives indignent, à juste titre.

Judith Godrèche partage donc sur Instagram des photos d'elle, souriante, à 15 ans, vraisemblablement en vacances. 

En sa compagnie, Benoît Jacquot, adulte, de 25 ans son aîné. 

Et la comédienne explique pourquoi ces photos sont si douloureuses à ses yeux. 

"Les images ont-elles une voix ?", s'interroge-t-elle tout d'abord. Avant de poursuivre : "Un coup de revolver inaudible résonne dans le ciel, que les oiseaux perçoivent quand même. Ce coup de revolver là j’aurai aimé en être à l’origine. Prévenir. Lancer l’alerte. Avant que cet homme ne puisse aborder d’autres jeunes filles. Le cri arrive trop tard. Mais la vérité à des ressources inespérées. Tout comme les enfants".

Des mots, et des images, qui bouleversent...

"Votre jeune âge et surtout la différence d'âge sont saisissantes sur cette photo", se scandalise d'abord une internaute, venue apporter à l'actrice tout son soutien. Et d'autres abondent : "C'est si choquant, comment imaginer un tel couple ?", "Vous représentez l'innocence sur ces photos", "Comment la société a pu s'aveugler à ce point ?", "Mon ventre se tord en voyant ces deux photos", "Comment ne pas voir la différence ?"

"On ne vous a pas protégé Judith", "J'ai la chair de poule, c'est si abject quand on voit ces photos", ""Sympas ces photos d'un père et de sa fille", "une enfant d'un côté, un adulte de l'autre", "vous étiez une enfant", peut-on également lire parmi les réactions, abondantes, à ce portfolio intime. Qui résonne avec les propres paroles de l'actrice.

Dans le long témoignage au Monde où elle dénonce les agissements présumés de Benoît Jacquot, Judith Godrèche explique qu'alors qu'elle n'avait que quatorze ans, le cinéaste a pris sa main et l'a "posée sur son sexe". Avant de l'emmener chez lui : "Je suis très pudique et je l'ai toujours été. C'est bizarre de faire ça avec un adulte. Son corps et son sexe sont ceux d'un adulte. Tout est fait comme un adulte. Je n'ai aucun souvenir d'être embrassée. C'est comme s'il n'y avait aucune tendresse"

"Chez lui, il me dit d'enlever mon pull, qu'on va faire un jeu sexuel. Je dois me mettre sur l'escalier, dos à lui et fermer les yeux. Il prend sa ceinture, se met à me fouetter. Je le laisse faire un coup, deux coups, mais je ne peux pas ", poursuit Judith Godrèche dans ce témoignage très éprouvant.

Au Monde, s'énoncent également les "explications" du producteur Philippe Carcassonne à propos de cette "relation" étrangement acceptée : "C'était une jeune fille très mûre. Elle n'avait pas l'air d'être en souffrance, elle semblait très à son aise sur le plateau, pendant les séquences, avant et après. A ma connaissance, son père ne trouvait rien à redire à cette situation, je n'avais donc aucune légitimité à objecter quoi que ce soit"

Judith Godrèche accuse également le cinéaste Jacques Doillon d'agressions sexuelles.

En parallèle, l'actrice souhaite défendre toutes celles qui, à l'unisson, osent parler. Dans Télérama, elle prône la cause d'Adèle Haenel : "J'ai été portée par les paroles qui m'ont précédée. Adèle Haenel aurait mérité, elle aussi, le soutien de toute la salle... Quand Adèle Haenel s'est levée et a quitté la salle des César en 2020, elle aurait pu être rattrapée par une foule, mais les gens ont sans doute justifié leur passivité par sa colère. Quand on me parle de mon discours, j'ai le sentiment qu'il " convient ". Pourtant, moi aussi je suis très très en colère !"

"C'est important de raconter ça pour protéger ma fille, l'informer. La parole ne libère pas, c'est un fantasme. Je parle pour témoigner et informer les générations à venir"