PPDA est accusé de harcèlement et de violences sexuelles par une vingtaine de femmes. 23 témoignages, 8 plaintes, dont trois pour viols et quatre pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel. A l'origine de cette libération de la parole, le témoignage en février 2021 de la Youtubeuse et autrice Florence Porcel, aujourd'hui âgée de 37 ans, qui assure avoir été violée par le journaliste dans le bureau de "PPDA" en novembre 2004.
Ce 11 janvier sort le nouveau livre de l'autrice : Honte (JC Lattès). Un récit intime et politique à travers lequel Florence Porcel étudie le phénomène de culpabilisation dont font l'objet bien des femmes au sein de la société et notamment de femmes victimes. Un phénomène qui semble indissociable de la condition féminine.
Auprès du magazine Elle, Florence Porcel est revenue sur ce livre, mais également sur l'affaire PPDA. L'occasion d'évoquer notamment le "victim blaming", l'inversion de la culpabilité chez les victimes de viol : "Parmi tous les crimes, le viol est le seul dont la victime se sent coupable. C'est ce que la société vous renvoie à la figure dès que vous osez en parler. À la honte d'avoir été agressée s'ajoute l'humiliation de ne pas être crue".
Alors que l'enquête préliminaire engendrée par son témoignage a été classée sans suite, l'autrice est justement revenue sur cette décision. "Le doute a porté essentiellement sur ma version des faits, pas sur celle du prédateur, qui n'a pas été traité de la même manière. Contrairement à moi, il n'a pas fait l'objet d'une expertise psychologique. Est-ce que c'est normal ? J'ai été présumée malhonnête. La psychologue a disqualifié ma parole et m'a fait passer pour une menteuse et une manipulatrice", a-t-elle déploré.
Malgré ce sentiment d'avoir été "humiliée", Florence Porcel ne regrette pas d'avoir porté plainte. Elle explique : "C'était un besoin irrépressible, je crois qu'il fallait ouvrir ce chemin. Mais cette expérience douloureuse raconte quelque chose de la culture du viol et des failles du système judiciaire. Le stéréotype veut que la bonne victime pleure en témoignant, qu'elle reste traumatisée à vie. En réalité, on survit à un viol de manière très différente selon notre histoire. Il faut arrêter de demander à une victime de cocher toutes ces cases pour être crue".
Florence Porcel espère aujourd'hui qu'un procès aux assises puisse avoir lieu afin que PPDA réponde de ses actes devant la justice. "Qu'il les assume. C'est tout. Si ce procès a lieu, ce que je souhaite, il aura une force symbolique. Je voudrais que toutes les femmes qui ont dénoncé des faits devant la justice puissent venir témoigner. Notre parole doit être entendue devant une cour", a affirmé la jeune femme.
C'est notamment auprès de Médiapart, l'espace d'une longue émission, que de nombreuses victimes présumées de PPDA avaient réaffirmé à visage découvert leurs accusations.