Le 4 octobre, on retrouvera Catherine Deneuve à l'affiche de Bernadette, singulière vision de notre Bernadette Chirac nationale. Projet atypique qu'est venue défendre l'icône du cinéma français dans les pages de "Society", paru ce 17 août en kiosques. L'occasion de revenir sur un sujet moins heureux : la signature de la star auprès de la fameuse tribune défendant "la liberté d'importuner" en réaction au mouvement #MeToo.
En janvier 2018, cette tribune défendant dans les pages du Monde "une autre parole" associait les élans de libération de la parole, à propos des violences sexistes sexuelles, à un insupportable "puritanisme". Certaines signataires, comme Catherine Millet, parlaient même de "haine des hommes". La tribune avait été signée par 99 femmes.
Et que dit Catherine Deneuve de tout cela aujourd'hui ? Dans le dernier "Society", elle explique : "Dieu sait que je suis vraiment féministe, mais je trouve très choquant que lorsqu'un homme a eu un problème dans une relation avec une femme qui prétend avoir subi un comportement inapproprié, on parle immédiatement de 'viol'...".
"Que des femmes soient importunées par des hommes, et que ça puisse aller très loin, c'est une évidence, mais..."
Très tôt au cours de l'interview, Catherine Deneuve affirme, à propos de sa position féministe : "Le féminisme d'aujourd'hui, c'est très touchy, très délicat. Donc je fais attention, je me tais". Mais elle poursuit cependant : "J'ai donné ma position en acceptant de soutenir un texte pour dire, en gros, 'attendez, les hommes ne sont pas tous des violeurs'. Mais alors après, ca prend de ces tournures... C'est trop cher payé ces choses là".
Une position qu'elle assume donc totalement.
A la question "Vous déplorez que les hommes que l'on qualifiait autrefois de gros dragueurs insistants soient aujourd'hui présentés comme des prédateurs sexuels ?", Catherine Deneuve rétorque ensuite : "Non, prédateur sexuel, ça peut être une qualification objectivement adéquate, mais que des noms soient tout de suite après une plainte associés au mot 'viol', je trouve ça choquant".
Et l'actrice des Demoiselles de Rochefort de préciser : "Que ce soit Gérard Depardieu, que j'aime beaucoup, ou un autre". Pour Catherine Deneuve, des enquêtes comme celle du "Monde" sur l'acteur sont "une horreur". "Il est très féminin comme acteur. Je suis très attachée à Gérard Depardieu", tient-elle à rappeler également. Gérard Depardieu est accusé de violences sexuelles par 13 femmes. Parmi ces faits présumés, propos salaces, humiliations en public, insultes sexistes, mains posées sur les cuisses, les jambes et les fesses.
Cependant, l'actrice l'affirme : "Evidemment que je soutiens absolument toutes les victimes... Mais je note qu'avant, il y avait une certaine rigueur avec ce genre d'informations, alors que maintenant, elles tombent en flot continu dans les téléphones, elles sont répétées matin et soir dans les journaux télévisés".
En 2018, Catherine Deneuve était déjà revenue sur cette fameuse tribune. Et déclarait auprès du magazine américain Harper's Bazaar : "Je salue toutes les femmes victimes d'actes odieux qui se sont peut-être senties lésées par la lettre du Monde. C'est à eux et à eux seuls que je m'excuse".
"J'ai toujours été du côté des femmes. Le désir est au coeur de nombreuses professions créatives, comme le cinéma, la musique et la photographie de mode. Le défi est de connaître les limites et de comprendre la différence entre flirter et aller trop loin".