"J'ai été violée par un comédien de la Comédie-Française pendant le premier confinement, pendant que je faisais un malaise." Jeudi 7 octobre, Marie Coquille-Chambel a publié ces quelques mots et enclenché une vague de soutien et de témoignages considérable. Un message accompagné d'un hashtag évocateur : #MeTooTheatre. "J'invite toutes les personnes harcelées sexuellement, agressées ou violées dans le milieu théâtral à témoigner avec le hashtag #MeTooTheatre", écrivait-elle.
En juin 2020, la vidéaste et critique de théâtre relatait en effet des faits glaçants. "J'ai été frappée le 6 mars, le 26 mars et le 2 mai. Coups de poings au visage, dans les côtes, dans le dos quand j'étais à terre, coups de livres, de chaussures. Il m'a tirée par les cheveux dans tout son appartement. Il m'a jetée au sol. Il a tenté de m'étrangler."
La plainte déposée le 29 juin, précisait-elle alors, n'avait pas été reçue entièrement. Il avait par la suite écopé de six mois de prison avec sursis pour menaces de mort, rappelle Le Point, qui précise que l'on ignore si les deux affaires (celle jugée et l'accusation de viol récente) sont liées.
A l'époque, elle lâchait : "L'omerta n'est plus possible dans le théâtre et je refuse qu'une autre puisse subir de telles violences de la part d'un homme, qu'importe son influence et sa notoriété." Aujourd'hui, Marie Coquille-Chambel prononce de nouveau ce terme fort : "omerta". Et une fois encore, appelle celles qui auraient subi les mêmes violences à lui emboîter le pas.
Car voilà, 18 mois plus tard, la Comédie-Française, qui avait pourtant fermement condamné ces "faits de violence insupportables attribués à l'un de ses salariés", assurant prendre "toutes les mesures qui s'imposent", n'aurait pas agi en conséquence. "Il est toujours membre de la Comédie-Française, même si la direction est au courant d'une plainte déposée", dénonce Marie Coquille-Chambel.
L'élue écologiste et militante féministe Alice Coffin a apporté son "immense soutien et admiration à toutes les personnes qui témoignent pour #MeTooTheatre" et affirmée intervenir en "en Conseil de Paris la semaine prochaine à ce sujet".
Devant les nombreux récits, l'autrice et comédienne Agathe Charnet résume avec une triste pertinence : "Faire du théâtre en 2021, c'est cumuler les histoires chuchotées de micro-machismes comme de crimes sexuels et voir les agresseurs culminer au sommet des institutions dans l'indifférence la plus complète". Marie Coquille-Chambel, elle, conclut, déterminée : "Nous n'avons plus peur".