Depuis que nous sommes toute petite, nous cherchons à nous accaparer les bras aimants de "Pôpa-Môman" et l'arrivée d'éventuels frères et/ou soeurs nous a causé quelques traumas mal digérés. Et puis vinrent les concours de popularité à l'école. Car si nous avons eu la chance de ne pas subir les battles de "friends" sur Facebook ("Mince, Machinette a 20 followers de plus que moi"), nous jouions des coudes pour être "la meilleure amie". Cela n'a pas beaucoup changé. Il y a juste moins de bonbons et plus d'alcool dans l'équation.
Sauf que le dernier rouge à lèvres Chanel a remplacé la Maison de Charlotte aux Fraises que nous convoitions tant. Et que nous n'avons plus besoin d'écrire une lettre au Papa Noël pour espérer l'obtenir.
Encore maintenant, nous pouvons sentir le regard réprobateur de notre maman alors que nous plongeons une cuillère coupable dans le pot de Ben and Jerry's aux cookies. Oui, c'est MAL.
Une soirée binge-watching de Game of Thrones et hop, un plein paquet de Dragibus éventré et liquidé telle une enfant qui se tortore toute sa poule au chocolat le soir de Pâques. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui, nous n'avons plus à le faire en cachette.
Comment est-on arrivée au rayon maquillage alors que nous étions à la recherche des fruits et légumes ? Mystère et boule de gomme. Les dédales de Carrefour recèlent décidément bien des secrets.
6- Flipper avant d'aller chez le dentiste
Le coeur battant, les mains moites, frôlant la crise de taccycardie, nous attendons avec appréhension ce moment où notre infâme dentiste va nous faire la morale ("Vous vous brossez bien les dents 3 fois par jour ?") et nous arracher deux-trois molaires pour nous punir (parce qu'il est comme ça, infâme). Valable aussi pour le médecin généraliste qui nous fait monter sur la balance ou le gynéco ("Ca fait longtemps qu'on ne s'était pas vus...")
Ah, cette bonne vieille boule au ventre qui nous tenaillait lorsque nous avons franchi la grille de la crèche/école/collège/lycée/fac pour la première fois, cette envie de retourner à la maison et de nous coucher en position foetale jusqu'à la fin des temps... Ces crises de panique reviennent encore régulièrement à l'assaut lorsque nous entrons en territoire inconnu. Mais on ne pleure plus.
Disons-le tout de go : si on pouvait se nourrir exclusivement de frites et de pizzas, la vie serait nettement plus joyeuse. Vade retro, sels minéraux et vitamines rabats-joie.
Avant, on ressemblait à un clown dès que nous piquions le rouge de maman en cachette. Maintenant qu'on est grande, nous avons notre propre lipstick et le geste plus sûr. Mais on a toujours peur de ressembler à ce clown à la bouche qui bave. Et d'avoir les dents rouges aussi.
Avant, on se faisait péter le bide avec des litres de Cacolac et de Tang. Aujourd'hui, on a un petit penchant pour les mojitos et les caïpi. Et nous nous rions des caries. La maturité.
Qui n'a jamais envoyé un mot griffonné sur un coin de feuille A4 ("Veux-tu sortir avec moi ?") au jeune garçon qui faisait vibrer notre petit coeur d'artichaut et vaciller tout notre univers dès qu'il posait le regard sur notre être pétri d'amour ? Si aujourd'hui nous sommes aguerrie au jeu de la séduction, nous continuons à tester l'objet de nos fantasmes. Sauf que les SMS ont remplacé les petits papiers maladroits et les cases "Oui", "non", "peut-être" ont disparu (dommage, cet angle d'approche avait le mérite d'être plus frontal).
"Encore une !". Fini le temps où nous négocions avec une mauvaise foi crasse "une page" (voire deux ou trois) de l'histoire du soir. Mais que ce soit à cause de notre marathon Mad Men ou du dernier Virginie Despentes, nous continuons à jouer la montre le soir et à rogner sur notre quota de sommeil. Pas bien.
Incapable de nous endormir sans étreindre notre nounours, nous voilà blottie contre le corps velu et rassurant d'un homme-peluche. Pas de doudou géant à portée de main ? Nous enlassons notre oreiller avant de nous réfugier dans les bras accueillants de Morphée.
14- Se faire des frayeurs toute seule
Comme quand nous imaginions que notre lit était un radeau cerné par des requins affamés (ou une grotte encerclée par des monstres assoiffés de sang), il nous arrive encore d'avoir quelques petites crises d'angoisse lorsque nous sommes toute seule. Ca peut être avant de prendre l'avion, quand on a un grain de beauté un peu bizarre ou quand le petit n'arrête pas de pleurer. Et dans ces cas-là, vers qui se tourne-t-on pour se (faire) rassurer ? Les inamovibles Pôpa-Môman (ou leurs substituts : la soeur, le médecin de famille, le psy, la BFF).
Notre rêve ? Balancer ce dossier ultra-boring, envoyer bouler ce client odieux, brûler notre agenda et partir loin, très loin, au royaume merveilleux de Mickey, Minnie et Pluto. Là, vivre de pommes d'amour et de Coca. Et faire des tours de Train de la mine jusqu'à l'infini (et au-delà).