Les initiatives pour encourager les vocations scientifiques chez les jeunes filles et prouver aux sceptiques que les femmes sont tout aussi capables que les hommes d'exercer une profession considérée comme "masculine" ont beau être de plus en plus nombreuses, les préjugés sur les femmes dans le monde des sciences et des technologies ont décidément la peau dure.
C'est ce que révèle un sondage OpinionWay commandé par la Fondation L'Oréal. Mené auprès de plus de 5 000 Européens en France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne et Italie, il met en lumière la mauvaise réputation dont pâtissent les femmes qui entreprennent une carrière scientifique. Ainsi, dans l'imaginaire de 54% des sondés, un chercheur en sciences est avant tout un homme. Pire : pour 67% des Européens interrogés, les femmes "ne disposent pas des capacités requises pour accéder à des postes scientifiques de haut niveau".
Mais pourquoi les femmes n'auraient-elles pas leur place en laboratoire de recherche ? Pour 25% des Européens interrogés, c'est avant tout parce qu'elles manquent de confiance en elles, de réseau professionnel (21%), d'esprit de compétition (15%) et d'intérêt pour les sciences (12%). Bref, elles seraient dénuées des compétences traditionnellement associées aux hommes, auxquelles s'ajoutent, pour 11% des sondés, un manque de persévérance, d'esprit rationnel, de sens pratique, de rigueur et de capacités scientifiques.
Douées pour tout sauf pour les sciences selon 90% des sondés, les femmes auraient trouveraient davantage leur voie dans des métiers à vocation sociale (pour 38% des sondés), dans la communication (20%) ou les langues (13%).
Paradoxalement, les Européens interrogés estiment qu'il est grand temps de laisser une place de choix aux femmes dans le milieu des sciences. 50% des personnes interrogées pensent ainsi qu'avoir davantage de femmes scientifiques permettrait de réduire les inégalités femmes-hommes au travail. 59% des sondés estiment par ailleurs que l'évolution du nombre de femmes dans les sciences (de 26% à 29% en 10 ans) est bien trop faible.
66% des Européens s'insurgent également de la faible représentation des femmes dans la course au prix Nobel : depuis leur création en 1901, les prix en sciences (physique, chimie et médecine) n'ont été attribués qu'à 17 femmes, soit seulement 3% des lauréats. 63% des personnes interrogées souhaiteraient d'ailleurs que dans le futur, la parité soit instaurée pour que les femmes aient les mêmes chances que leurs homologues masculins de recevoir la prestigieuse récompense.
Citée par ELLE.fr , l'Australienne Elizabeth H. Blackburn, primée en 2009 pour ses travaux en recherche génétique, affirme qu'instaurer des quotas dans l'attribution du Nobel ne "serait pas une si mauvaise idée". "Je vous garantis que le niveau ne baisserait pas ! J'ai travaillé suffisamment longtemps pour vous dire que les femmes sont aussi bonnes que les hommes, et que personne ne devrait leur faire penser le contraire", a-t-elle déclaré à la conférence de presse de Women for Science.
Autre piste évoquée pour laisser aux femmes la place qu'elles méritent dans le monde scientifique et susciter des vocations : créer des filières scientifiques qui leur seraient spécialement dédiées. Pour l'heure, les femmes restent encore largement minoritaires dans la science, les technologies et l'ingénierie (STEM). Seules 30% des scientifiques dans le monde sont des femmes et 28% des hautes fonctions académiques scientifiques sont tenues par des femmes alors qu'elles ne représentent que 11% de ces postes.