Saja Al-Doulaimi l'assure : lorsqu'elle a épousé Abou Bakr al-Baghdadi en 2008, ce dernier n'avait rien à voir avec ce chef de guerre et leader de Daech qu'il est aujourd'hui devenu. "Comment il est devenu émir [puis calife, ndlr] de l'organisation terroriste la plus dangereuse reste un mystère pour moi", a-t-elle confié au quotidien suédois Expressen.
Dans le long entretien qu'elle a accordé au journal, Saja Al-Doulaimi retrace le parcours de celui qui est aujourd'hui à la tête de l'État islamique. Quand elle fait sa connaissance en 2008, Abou Bakr al-Baghdadi a tout d'un "homme normal". Professeur d'Université, il enseigne la religion et la loi islamique en Irak. Veuve, elle l'épouse sur les conseils de son père quelques mois après leur rencontre, "au moment où son nom était Hisham Mohammad".
Saja Al-Doulaimi le décrit volontiers comme "un père de famille normal", très proche de ses enfants. Elle finit néanmoins par quitter cette "personnalité énigmatique" trois mois après leur mariage alors qu'elle est enceinte. "Notre dernière conversation remonte à 2009. Il m'a demandé si je voulais revenir, mais j'avais pris ma décision", explique-t-elle, arguant qu'al-Baghdadi n'est pas quelqu'un avec qui elle avait des "conversations ou des discussions profondes".
Emprisonné dix mois dans les geôles américaines en Irak en 2004, Abou Bakr al-Baghdadi rejoint à sa libération Al-Qaïda en Irak, avant de faire son entrée au sein de l'État islamique en 2010. Il y gravit tous les échelons et devient l'un des terroristes les plus recherchés par le gouvernement américain, qui offre une prime de 10 millions de dollars pour sa capture.
De son côté, Saja Al-Doulaimi a aussi emprisonnée en 2014 au Liban pour ses affinités supposées avec l'organisation terroriste. "Je suis étiquetée terroriste alors que j'en suis loin. En quoi tout cela est ma faute ? J'ai été mariée avec lui en 2008. Nous sommes divorcés maintenant."
Libérée il y a quelques mois, elle vit désormais avec sa fille Hagar, son nouveau mari Palestinien et le fils qu'ils ont eu ensemble. Elle aspire aujourd'hui à "vivre dans un pays européens, et pas dans un pays arabe". "Je veux vivre libre", déclare celle qui estime que l'application de la charia est "garantie de liberté et de droits pour les femmes".
Interrogée au sujet des récents attentats qui ont ensanglantés Paris et Bruxelles, Saja Al-Doulaimi dénonce ces attaques commises par Daech, évoquant "la brutalité" de l'organisation terroriste de son ex-mari. "Des citoyens ont été tués. Lorsque des personnes armées tuent des citoyens, n'est-ce pas du terrorisme ? En tant que mère, je considère ce qu'ils font comme du terrorisme. Si quelqu'un blesse mon fils, c'est un terroriste. Chaque mère pense ça."