Énième échelon gravis dans l'horreur, les djihadistes de l'État islamique ont décapité, dimanche 28 juin et lundi 29 juin, deux femmes accusées de "sorcellerie". L'annonce de ces exécutions est venue gonfler la liste déjà trop longue des atrocités commises par l'organisation terroriste à l'égard des femmes. Viols devenus véritable arme de guerre, esclavage sexuel codifié, excisions et exécution des femmes trop éduquées... Le groupe qui revendique plus de 30 000 combattants ne cesse de repousser les limites de la violence, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale.
Un an à peine après la proclamation du califat par Abou Bakr Al-Baghdadi, le mouvement n'a cessé de se renforcer, et avec lui le risque de voir encore de nombreuses femmes, jeunes filles et enfants des populations locales payer le plus lourd tribu. Pour mieux comprendre le rapport que Daesh entretient au genre féminin, le Washington Post a récemment détaillé six phénomènes qui guident le groupe islamiste dans son comportement vis-à-vis des femmes.
Le quotidien américain rappelle ici les propos tenus par le groupe terroriste dans le magazine qui lui est dédié, Dabiq. Le mouvement y met en avant une longue tradition de trésor de guerre associé aux femmes. Celles-ci sont entre autres vouées à être mariées à ses combattants sur fond de soumission et de sacrifice.
En décembre dernier, Daesh a publié un document baptisé "Questions et réponses sur l'emprisonnement et les esclaves", codifiant le sort à réserver aux femmes capturées par les combattants musulmans. On y apprend qu'après l'attaque d'un village, l'organisation terroriste sépare les femmes des hommes, et exécutent parmi ces derniers ceux qui ont plus de 14 ans.
Les femmes les plus âgées sont ensuite séparées des plus jeunes. Celles-ci sont alors déshabillées et examinées sous toutes les coutures pour juger de leur beauté. A ce stade, celles qui refusent d'ôter le hijab ou le voile sont traînées par les cheveux. Les plus jeunes vierges sont considérées comme ayant la plus grande valeur. Si la plupart des femmes sont distribuées parmi les combattants, d'autres sont vendues sur des marchés en Syriepour l'équivalent de 13 dollars. La vente des femmes chrétiennes et yézidies constitue ainsi une importante manne financière pour Daesh.
Une fois les prisonnières capturées et classées, elles sont réparties en tant que butin de guerre entre les combattants selon leur statut dans l'organisation. "Les Cheikhs choisissent en premier, puis les émirs. Viennent ensuite les combattants étrangers puis les combattants locaux", précise au Washington Post Zainab Bangura, représentante spéciale des Nations unies dans le cadre de la campagne contre la violence sexuelle en période de conflit. "Ils prennent souvent trois ou quatre filles et les gardent pour environ un mois, jusqu'à ce qu'ils se lassent".
Les femmes sont ensuite échangées ou font l'objet d'une vente aux enchères. Mais ce traitement peut aussi créer ou exacerber des tensions au sein même de l'Etat islamique , notamment entre combattants étrangers et locaux.
Comme le rapportait la BBC en 2013 en citant l'ancien ministre de l'intérieur tunisien Lotfi Ben Jeddou, certaines femmes sont échangées entre 20, 30 et parfois 100 hommes différents. Des informations confirmées par plusieurs témoignages, notamment de femmes sunnites en Tunisie. L'une d'entre elles a affirmé avoir été mariée puis divorcée 22 fois dans le même week-end.
Ces mariages et divorces à répétition sont une preuve parmi d'autres que l'organisation islamiste ne se conforme à aucune règle édictée par la religion musulmane à l'égard des femmes lors d'une période guerrière. À travers les viols, les mariages forcés et son refus de libérer une femme qui donne naissance à un enfant, le groupe s'éloigne de la tradition religieuse. Le Hadith, qui rassemble les paroles et enseignements du Prophète Mahomet, pose en effet plusieurs conditions au remariage d'une femme ainsi que des règles de responsabilité à l'égard d'un homme qui a mis enceinte une femme.
En d'autres termes, fait valoir le Washington Post, non seulement Daesh abuse massivement des femmes, en leur faisant subir les pires sévices sexuels, mais le groupe ne suit pas les préceptes religieux qu'il entend faire respecter en réduisant ces femmes à l'esclavage.