"Dans une société, on a le droit à une seconde chance"
On connaît parole militante moins controversée. Sur le plateau de l'émission C à vous, l'éditorialiste et autrice Caroline Fourest est venue présenter son dernier livre, Le Vertige MeToo : Trouver l'équilibre après la nouvelle révolution sexuelle. Opus qui porte bien son nom car la journaliste y énonce autant les avancées permises par la révolution féministe... Que ce qu'elle juge comme "excessif".
"Sept ans après MeToo, pas jour sans que l’arène publique ne soit secouée par des révélations qui rencontrent enfin l’écoute. Revers de la médaille, des hommes et quelques femmes sont mis dans le même sac pour des accusations très différentes. Beaucoup de coupables, enfin exposés, et quelques innocents, brûlés vifs sur le bûcher médiatique. La honte a changé de camp, mais la meute aussi", déplore l'autrice en quatrième de couverture de ce livre édité chez Grasset.
Et parmi ce que l'essayiste semble condamner, difficile de ne pas entrevoir l'énoncé de "cancel culture". Soit le fait d'appeler au boycott d'une figure médiatique qui se retrouve au coeur d'accusations graves, le plus souvent de violences sexistes, physiques ou sexuelles.
Qu'est-ce qui nous fait dire cela ?
Et bien, l'évocation dans "C à Vous" du député Adrien Quatennens, ex tête de proue de La France Insoumise, reconnu coupable de violences conjugales à l'encontre de son épouse, Céline Quatennens. Violences physiques, mais également psychologiques, notamment dénoncées en 2022 par la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert et la députée écologiste et féministe Sandrine Rousseau. "Il y a les violences physiques et celles qui consistent à prendre le téléphone portable de l'autre. Les violences faites aux femmes prennent de nombreux visages. Aucun n'est acceptable", avait rappelé celle-ci.
Caroline Fourest tient à défendre un autre discours concernant "l'après"...
“Adrien Quatennens a reconnu son geste brutal. Il a été condamné. Il a droit à une seconde chance", s'est alertée à ce sujet l'autrice face à Anne-Elisabeth Lemoine. Et l'interlocutrice de développer : "Il a le droit de retourner à l'Assemblée Nationale. Si on sanctionne socialement des gens qui admettent, quelle différence fait-on avec ceux qui mentent ? A ceux qui mettent en place des systèmes de prédation et pour le coup, s'en sortent ?”.
Des mots qui, vous l'imaginez, ont beaucoup, beaucoup fait réagir.
Devant les caméras de France 5, Caroline Fourest a qui plus est poursuivi, sur le même ton : "Dans une société, on a le droit à une seconde chance quand on a reconnu ses torts et réagi pour qu’une situation ne dérape pas”. Des paroles qui divisent, bien que l'oratrice prône quand on l'interroge une quête de "nuance" et de "modération".
"Le féminisme doit être un contre-pouvoir, pas un abus de pouvoir", assène-t-elle.
Et le public de l'émission de réagir sur les réseaux sociaux : "On connait beaucoup d’hommes a qui on a donné des secondes chances. Des enfants et des femmes ne sont malheureusement plus parmi nous aujourd’hui pour en témoigner directement…", "Euh... Ça correspond à quoi une seconde chance dans son cas ?", "Pas de seconde chance pour un poste à l’assemblée nationale. Il faut être exemplaire", "Alors là, sur Quatennens, je ne vous comprends vraiment plus ! Non, un auteur de violences conjugales ne devrait plus pouvoir être élu où que ce soit. Sinon, ces violences systémiques et massives ne cesseront jamais", "Un homme violent avec sa femme recommencera même s'il a admis l'avoir été".
Cependant, Caroline Fourest tient face à toute controverse à préciser sur le plateau de C à vous : “Ce livre à propos de #MeToo est le plus dur que j’aurai à porter. En tant que féministe, je dirai toujours aux femmes de parler. J’appelle à une responsabilité des journalistes qui médiatisent des gens connus parfois sur des faits qui ne relèvent pas de la justice. A aucun moment je ne souhaite que la victime cesse de parler".
"Toutes les révélations ne se valent pas. Quand il y a des révélations avérées ou fausses, ça ne vient pas de nulle part. Mais je suis ravie de cette révolution #MeToo. Depuis des années, j’ai dénoncé les viols de l’église catholique, les viols de Tariq Ramadan, avec le peu de solidarité de certaines militantes féministes..."