Cela aurait dû être un événement, un beau symbole. Zakia Khudadadi, championne de taekwondo, aurait dû être la première femme à représenter l'Afghanistan lors des Jeux paralympiques qui débuteront à huis clos ce 24 août à Tokyo. Mais le Comité international paralympique (CIP) l'a annoncé ce lundi (16 août) : la championne ainsi que son compatriote Hossain Rasouli ne seront finalement pas présents. Le porte-parole du CIP, Craig Spence, a expliqué cette absence de la délégation afghane par "la situation très grave dans laquelle se trouve le pays, tous les aéroports sont fermés et il leur sera impossible de partir pour Tokyo".
En effet, après 20 ans de guerre et à la faveur du retrait des troupes américaines et étrangères en mai dernier, les talibans ont repris le contrôle de l'Afghanistan ce week-end, créant la panique au sein du pays. Et laissant craindre le pire. Ces fondamentalistes islamistes, partisans d'une application rigoriste de la charia, imposent les pires restrictions aux femmes, leur interdisant par exemple d'aller à l'école, de travailler, de se déplacer sans tuteur masculin, de pratiquer une activité sportive ou encore en les obligeant à endosser la burqa. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est d'ailleurs dit "particulièrement préoccupé par l'avenir des femmes et des filles, dont les droits durement acquis doivent être protégés", lors d'une allocution ce dimanche 15 août, alors que les talibans venaient de faire irruption dans Kaboul, la capitale du pays.
"C'est la première fois qu'une athlète féminine représentera l'Afghanistan aux JO et je suis si heureuse", s'enthousiasmait Zakia Khudadadi il y a encore quelques jours. "Je crois fermement qu'à travers le mouvement paralympique et les Jeux paralympiques, nous pouvons tous exprimer et transmettre le message d'une coexistence pour l'humanité, pour maintenir et chérir la paix alors que les querelles et les sentiments négatifs détruisent l'humanité", renchérissait Arian Sadiqi, le chef de mission de la délégation, le 10 août dernier.
Le rêve de la jeune championne de 23 ans et l'espoir de tout un peuple se brisent avec le retour des talibans, alors que le pays plonge à nouveau dans l'obscurantisme.
Le CIP n'a fourni aucune information quant à la mise en sécurité des deux athlètes afghan. "Nous espérons que l'équipe et son encadrement vont rester en sécurité pendant cette période difficile", a seulement indiqué le porte-parole du Comité.