Ce n'est qu'une rumeur, mais elle fait mal. A 58 ans, la présentatrice canadienne Lisa LaFlamme va quitter la chaîne CTVNews, dont elle était l'un des visages emblématiques. La raison de ce départ ? Ses cheveux gris. De quoi se frotter les yeux pour bien vérifier.
Comme le relate effectivement Vanity Fair, le contrat de la présentatrice prendrait fin deux ans plus tôt que prévu car un cadre supérieur de la chaîne n'aurait pas apprécié que "les cheveux de Lisa deviennent gris". Un sujet absurde mais mis en avant, qui serait même "revenu sur le plateau un jour, lorsqu'il a remarqué qu'elle prenait une teinte violette dans l'éclairage du studio", détaille encore le média.
Comme un flagrant délit d'âgisme, cette stigmatisation et mise au ban des individus une fois passé un certain âge. Un âgisme que subissent notamment les femmes de plus de cinquante ans.
Cette annonce médiatique a en tout cas fait réagir le paysage audiovisuel canadien. Mais pas seulement. Ainsi la compagnie Dove Canada a-t-elle encouragé les internautes sur Twitter à modifier leur photo de profil... avec un filtre gris, en soutien à la présentatrice remerciée. "Les femmes aux cheveux gris se font mettre à l'écart de leur milieu de travail. Alors Dove devient gris. Ensemble, nous pouvons soutenir les femmes à prendre de l'âge de manière magnifique à leurs propres conditions", a dénoncé la compagnie, relate le Journal de Montréal.
"Comment, en 2022, peut-on traiter une femme d'expérience comme elle, qui trône au sommet des cotes d'écoute avec le bulletin le plus regardé au pays ?. J'en suis la preuve vivante: on peut vieillir à l'écran aujourd'hui. Avoir les cheveux gris, pourquoi pas ? On devrait faire un "statement": toutes les cheffes d'antenne devraient porter une perruque grise un soir en appui à Lisa LaFlamme. Je lance le défi !", a dénoncé la journaliste Céline Galipeau.
La société mère de CTVNews, Bell Media, avance de son côté une "décision financière motivée par le changement des habitudes des téléspectateurs", comme le rapporte encore Vanity Fair. Toujours est-il que cette nouvelle remet l'âgisme au coeur des débats. En France, c'est récemment Laure Adler qui a fustigé ces discriminations. Dans les pages de Libération, la journaliste l'a affirmé : "Je suis vieille et je vous emmerde". CQFD.