Comme le dit Samah Hadid, directrice d'Amnesty International dans la région, l'Arabie Saoudite a engagé un très bon directeur des relations publiques. Mais nous ne sommes pas dupes. Oui, dix femmes ont obtenu le permis de conduire saoudien alors que l'interdiction de conduire pour les femmes sera levée le 24 juin. Elles l'avaient déjà toutes eu à l'étranger. Pour la première remise, les caméras étaient là pour immortaliser ce moment que l'on peut quand même, à juste raison, qualifier d'historique.
Cette réforme du droit de conduire s'inscrit dans une série d'autorisations qui veulent toutes dire la même chose : l'Arabie saoudite n'a plus les moyens économiques de son conservatisme. En effet, avec la baisse de la rente pétrolière, les familles n'ont par exemple plus les moyens de se payer un chauffeur pour permettre aux femmes de se déplacer. Il en va de même pour la création d'entreprises. Elles ne sont pour l'instant que 22% à travailler. Pour relancer la création de richesses, la monarchie autorise maintenant aux femmes de créer une entreprise sans l'autorisation de leur mari.
Mais derrière ces belles annonces, il est nécessaire de rappeler que les Saoudiennes n'ont quasiment pas de droits. D'ailleurs, des militantes des droits des femmes ont été emprisonnées fin mai et n'ont toujours pas été libérées malgré la pression internationale. Passage en revue des principales interdictions ou disposition qui entravent leur liberté.
"S'habiller pour être belle" est interdit. En Arabie saoudite, les femmes sont donc obligées de porter une abaya, une longue tunique qui va jusqu'au cheville. Même si les autorités religieuses font pression pour qu'elles se couvrent le visage, cela n'est pas obligatoire (ne pas confondre l'abaya et la burqa, seulement présente en Afghanistan et au Pakistan). Les institutions religieuses font également pression pour que les abayas ne comportent aucune décoration.
Les femmes sont toujours considérées comme mineures et dépendent d'un gardien légal, un Mahram. Leur père, leur mari ou leur fils quand elles sont veuves. Comme le rappelle l'organisation Human Rights Watch (HRW), "le système de tutelle masculine en vigueur dans ce pays du Golfe reste l'obstacle le plus considérable à la réalisation des droits de ses citoyennes". Les Saoudiennes doivent obtenir l'autorisation de leur tuteur pour des choses aussi basiques que des soins de santé et dans certains cas, "les hommes abusent de leur tutelle pour extorquer des sommes d'argent considérables aux femmes qui dépendent d'eux".
Si elles veulent se marier avec un étranger, les Saoudiennes doivent aussi obtenir l'autorisation du ministère de l'Intérieur.
La première fois que l'Arabie saoudite a envoyé deux femmes aux Jeux Olympiques en 2012 à Londres, un religieux les a qualifiées de prostituées. L'une d'elles, une judokate, n'avait jamais pratiqué avant les JO, c'était la première fois qu'elle portait un kimono. Les deux sportives ont aussi dû être accompagnées par leur tuteur. En janvier, les Saoudiennes ont été autorisées pour la première fois à se rendre dans un stade pour assister à un match de foot.
Rappelons qu'en France, les femmes n'ont le droit d'ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de leur mari que depuis 1965.
Elles n'ont pas le droit de parler à des hommes qui ne sont pas de leur famille
Dans les restaurants, en plus de la partie réservée aux hommes, il y a un coin famille par exemple.
Elles n'ont qu'une garde limitée des enfants en cas de divorce
Les femme saoudiennes n'ont la garde de leur garçon que jusqu'à l'âge de sept ans et neuf ans pour une fille. Les hommes qui ont l'autorisation d'avoir jusqu'à quatre femmes peuvent divorcer sans raison. Ils ne doivent aux femmes après le divorce qu'une pension de quatre mois et dix jours. Les Saoudiennes ne peuvent divorcer qu'avec le consentement de leur mari. En Arabie saoudite, la moitié des mariages finissent en divorce, soit un toutes les vingt minutes. Les principales causes de divorces ? "86% par répudiation de la femme, 4,2% sur demande de l'épouse et le reste par annulation pour d'autres motifs", comme le rappelle Courrier International. Le mari garde la tutelle de sa femme pendant la procédure de divorce.
Avant 2015, les Saoudiennes n'avaient pas le droit de sortir du territoire sans l'autorisation de leur tuteur. Si elles le voulaient, elles devaient se munir d'une autorisation écrite du tuteur qui recevait un SMS des douaniers avant qu'elles ne montent dans l'avion. Pour s'opposer à sa sortie, il pouvait renvoyer un simple texto aux douaniers.
Leur témoignage vaut la moitié de celui d'un homme. Elles doivent aussi obtenir l'autorisation de leur tuteur pour... sortir de prison.
Elles n'obtiennent qu'une moitié d'héritage
En Arabie Saoudite, toute la famille du défunt hérite, mais la part dévolue aux femmes n'est que de moitié.