C'est officiel : les Saoudiennes sont désormais autorisées à créer leur entreprise. "Les femmes peuvent maintenant lancer leurs propres entreprises et bénéficier des services en ligne (du gouvernement) sans avoir à prouver le consentement d'un tuteur", a indiqué sur le site web du ministère du Commerce et de l'Investissement. Jusqu'à présent, les femmes d'Arabie saoudite devaient demander l'autorisation à leur tuteur (c'est-à-dire leur père, leur frère ou leur mari) avant de pouvoir se lancer dans le monde de l'entrepreneuriat et entamer des démarches administratives.
Annoncée officiellement par le gouvernement d'Arabie saoudite ce dimanche 18 février, cette décision s'inscrit dans le cadre d'une vaste réforme visant à encourager l'émancipation des femmes, mise en place depuis l'arrivée au pouvoir du prince héritier Mohammed ben Salmane en juin 2017. Comme le rappelle l'AFP, l'objectif de Mohammed ben Salmane est de faire passer la force de travail féminine de 22% à 30% d'ici 2030. Le 12 février, le parquet de Riyad a annoncé son intention de recruter des femmes : une grande première dans ce pays, qui reste l'un des plus restrictifs au monde en matière de droits des femmes.
"Les femmes étudient et travaillent maintenant avec ferveur parce qu'elles savent qu'elles ont leur place dans le Royaume. Oui, les femmes sont finalement considérées comme des êtres humains de première classe qui ont le droit de vivre des modes de vie normaux et sains. Le nombre de femmes au travail a considérablement augmenté", expose la journaliste saoudienne Hanan Al-Nufaie dans un édito publié récemment sur le site de la Saudi Gazette.
La liste de réformes en faveur de l'émancipation des Saoudiennes a commencé en septembre dernier, lorsque le gouvernement a annoncé que les femmes seraient enfin autorisées à conduire des véhicules. Plus récemment, certaines habitantes d'Arabie saoudite ont pu assister à un concert exclusivement réservée aux femmes. Elles avaient été autorisées (à titre exceptionnel) à se rendre au stade pour la première fois quelques mois plus tôt. Ces réformes sociétales sont loin d'être fortuites : elles s'inscrivent dans un plan de modernisation de l'économie afin de rendre le pays moins dépendant du pétrole et trouver de nouvelles sources de revenus.
Mais la partie est encore loin d'être gagnée pour les Saoudiennes, dont le sort reste peu enviable. Placées dès leur naissance sous la tutelle d'un homme, leur "gardien", elles n'ont quasiment aucun droit, ni aucune liberté dans ce pays appliquant la charia. Elles risquent toujours la lapidation, la pendaison ou la décapitation si elles sont reconnues coupables de blasphème, d'apostasie, d'adultère ou de sorcellerie.