La "Carrie" de Stephen King ENFIN incarnée par une femme grosse ?

Pour beaucoup, c'est LE chef d'oeuvre de Stephen King, : Carrie, premier roman du maître de l'horreur et premier best seller, histoire éprouvante d'une jeune fille - la Carrie en question - meurtrie par ses camarades de classe et sa mère fanatique, et qui va développer des pouvoirs de télékinésie particulièrement... Mortels.

Sa vengeance ne sera que plus terrible.

Incarné à l'écran sous les traits de Sissy Spacek dans Carrie au bal du diable de Brian de Palma, puis par Chloe Grace Moretz 40 ans plus tard dans un remake oubliable - on vous épargne la suite tout aussi passable du premier film, dans les années 90 - ce personnage romanesque de victime assassine va de nouveau faire l'objet d'une énième adaptation, pour la télévision cette fois.

Oui mais voilà, cette nouvelle a suscité la mobilisation des fans : ceux-ci exigent que pour une fois... Carrie l'adolescente soit incarnée par une actrice grosse. 

"S'il vous plaît, donnez ce rôle à une meuf high size cette fois-ci. C'est l'une des raisons pour lesquelles elle a été victime d'intimidation dans le livre !", proteste ainsi une twitta l'espace d'une publication hyper relayée. Et un nom iconique revient d'ailleurs sur toutes les lèvres...

Carrie, interprétée par Nicola Coughlan ? Cela se pourrait bien...

L'actrice irlandaise est connue pour ses performances intenses et ses coups de gueule jubilatoires. Récemment encore, elle revenait sur les réactions un peu trop déplacées à son goût à propos de sa nudité et de sa poitrine : on vous en parle dans cet article.

"Certains d'entre vous veulent que Nicola Coughlan, l'interprète de Penelope dans La chronique des Bridgerton soit Carrie et elle serait un bon choix", a témoigné à ce titre l'internaute sous le flux de commentaires suscités par sa requête, qui a beaucoup fait réagir.

"Cependant Nicola a la trentaine donc je pense qu'il serait raisonnable de donner le rôle à une actrice plus jeune", poursuit encore la fan de Stephen King. "Il faut vraiment arrêter de choisir des femmes manifestement attirantes qui sont trop vieilles pour ce rôle et en fait LIRE le livre, je vous supplie ", proteste à l'unisson une autre fan sur Twitter.

Ce serait effectivement sain de tacler la grossophobie ordinaire (un phénomène de société bien connu en France : une documentariste nous le détaille dans ce long échange), qui exclut les actrices dont les corps sortent des "normes", du paysage artistique... Et cela permettrait de faire honneur à un classique de la littérature horrifique. Classique... Féministe ? 

Plutôt, à en croire François Cau et Mathieu Rostac, auteurs d'un livre de référence sur Stephen King. Les spécialistes se sont entretenus avec nous dans cette longue interview. Et témoignent : "Les images que nous viennent spontanément à l'esprit lorsque l'on pense à Stephen King sont toutes féminines : le visage horrifiée de Shelley Duvall dans Shining, le corps ensanglantée de Carrie White ou encore la posture d'Annie Wilkes dans Misery... Ce dont l'on se rappelle le plus dans les romans et nouvelles de Stephen King, ce sont les monstres et les femmes"

"Chez Stephen King, on retrouve des personnages de femmes martyres et suppliciées. On pense à Carrie, ou aux héroïnes de Dolores Clairbone, Rose Madder et Jessie : trois romans qui constituent sa "trilogie féministe" ! Mais parmi ces "victimes", beaucoup sont ce que l'on appelle "des femmes fortes". Ces caractères se révèlent être en pleine possession de leurs moyens, sur le point de parvenir à leur plénitude en tant que femmes, malgré les obstacles. Il n'est pas simplement question d'émancipation féminine, mais d'un total contrôle de leur corps et de leurs actes !", décryptent encore les auteurs.

"L'attachement de Stephen King aux femmes 'solides' lui vient forcément du regard qu'il porte à son épouse Tabitha King. Loin d'être une femme recluse "dans l'ombre de son mari", Tabitha King (qui est également autrice) est toujours la première lectrice de Stephen King. Et ce dernier lui doit beaucoup. Sans sa femme, il n'aurait jamais eu cette carrière. C'est Tabitha qui a repris les premières pages de Carrie, le premier best-seller de l'auteur (mais aussi son cinquième roman !), alors que celui-ci l'avait jeté dans une poubelle"

Carrie, un personnage féminin qui doit tout... A une autre femme ? 

L'histoire est belle, et sororale.