Les femmes sont de plus en plus nombreuses à sauter dans le grand bain de l'entrepreneuriat en créant leur propre boîte. C'est l'excellente nouvelle mise en lumière par l'étude du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), dont les résultats ont été dévoilés cette semaine. Réalisée auprès de 74 pays, elle montre que le taux d'activité entrepreneuriale a globalement progressé de 10% en 2016-2017 par rapport en deux années précédentes. Durant cette période, près de 163 millions de femmes ont créé leur boîte dans le monde, s'ajoutant ainsi aux 111 millions de femmes dirigeant des entreprises déjà constituées (+8%). Une première dans le monde de la création d'entreprise jusqu'ici largement trusté par les hommes.
"Cette année, nous pouvons constater une progression de l'entrepreneuriat féminin qui correspond à l'engouement général pour l'entrepreneuriat", indique à Forbes Alain Fayolle, enseignant et directeur de centre de recherche à l'EM Lyon. "On parle depuis longtemps de la sous-représentation des femmes dans l'entrepreneuriat, aujourd'hui, les femmes se lancent." L'écart avec les hommes créateurs d'entreprise s'est d'ailleurs réduit à 5%.
Les chiffres encourageants de l'étude recouvrent toutefois une réalité plus complexe pour les femmes qui créent leur entreprise. D'abord, l'enquête menée par GEM montre que le taux d'activité entrepreneuriale (TEA) des femmes varie très fortement d'un pays à l'autre. Ainsi, il est de l'ordre de 3% en Allemagne, en Italie, en France et en Jordanie et plafonne à 37% au Sénégal. En Indonésie, aux Philippines, au Vietnam, au Mexique et au Brésil, la proportion de femmes créatrices d'entreprise est même supérieure ou égale à celle des hommes. "Dans les pays en développement, l'entrepreneuriat de nécessité, contraint et subit, est très répandu, alors que dans les pays développés, l'entrepreneuriat d'opportunité (celui dans lequel on se lance pour obtenir plus de liberté et d'indépendance) est voulu, mais plus rare", analyse Alain Fayolle.
A contrario de ces pays en développement qui présentent un taux d'activité entrepreneuriale féminin élevé, les pays européens se distinguent, eux, par un pourcentage de femmes entrepreneures diplômées de 22% en moyenne, supérieur à celui des hommes. Ce paradoxe est particulièrement appuyé par l'étude GEM : plus les pays dans lesquels les femmes vivent bénéficient d'un niveau d'éducation et d'un développement économique élevés, moins elles sont susceptibles d'y créer leur entreprise. "Plus vous êtes éduquée, plus vous avez d'opportunité d'être embauchée par une entreprise proposant un bon salaire et c'est pour cette raison que les femmes éduquées créent moins leur entreprise", juge Alain Fayolle.
Mais les femmes européennes éduquées ont beau moins créer leur propre entreprise que si elles vivaient dans un pays en développement, elles estiment néanmoins avoir de réelles opportunités de devenir entrepreneure. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à la précédente enquête.
Plus frileuses à l'idée de créer leur boîte et davantage touchées par les embûches (difficultés pour contracter un prêt ou trouver des investisseurs, par exemples), les femmes européennes sont pourtant peu à échouer dans leur aventure entrepreneuriale. Le taux d'échec des femmes est seulement de 10% dans les économies développées, soit un tiers de moins que celui des hommes. Une précédente étude avait aussi montré qu'elles créaient plus d'emplois et embauchaient davantage de travailleurs que leurs homologues masculins.