"Il faut être courageuse pour dire non à cette injonction. La société renvoie l'idée qu'on ne peut pas être une femme complète sans être mère". Par ces mots francs confiés dans les colonnes de Paris Match, Audrey Fleurot aborde une pression ancestrale, et lève un tabou nocif. Devenue mère à 38 ans d'un petit garçon en 2015, l'actrice de HPI et Engrenages estime par ailleurs elle-même avoir été influencée par la société. "Je suis ravie d'être mère, je l'ai décidé. Mais on m'aurait dit que j'avais encore dix ans devant moi, je les prenais !" Et d'ajouter, pointant l'importance d'une éducation à laquelle les deux parents prennent part : "Mon fils est très heureux avec son père !"
Plus loin, elle raconte la façon dont, une fois mamans, les femmes continuent d'être scrutées et critiquées. Des commentaires qui sont notamment venus de ses semblables, certaines ayant cru bon de culpabiliser l'actrice de ne pas passer tout son temps à la maison avec son fils.
Et puis, elle déplore la compétition qui peut régner entre parents quant aux exploits et au développement des enfants. "Ils doivent sauter une classe, être bilingue à trois ans, faire cinquante activités, etc... Mon fils est monté sur un vélo à 5 ans et non à 4, et j'étais en panique", plaisante-t-elle. Drôle, et cruellement nécessaire.
Au fil de l'interview, Audrey Fleurot évoque encore le harcèlement de rue dont elle a souvent été victime, des stratégies mises en place pour tenter au maximum de ne pas y être confrontée et du "traumatisme" que ces actes répétés ont causé en elle.
"C'est un sentiment que j'ai toujours eu. Le mouvement #MeToo m'a fascinée parce que beaucoup d'hommes ont réalisé ce que toutes les femmes savent, mais n'avaient jamais dit : quand tu es une fille, tu te fais tout le temps agresser", lance-t-elle. "Et tu dois trouver des parades". Comme s'attacher les cheveux, mettre une capuche, préférer les baskets aux talons passée une certaine heure... Et puis, voyant que rien n'y fait, changer de mode de transport - sans pour autant se sentir mieux.
"J'ai commencé à faire du scooter à 20 ans parce que je n'en pouvais plus de me faire importuner dans le métro. À un moment, tu me demandais l'heure dans la rue, je sortais ma bombe lacrymo tellement j'étais traumatisée", se souvient-elle. Un témoignage qui, malheureusement, résonne encore aujourd'hui chez beaucoup de jeunes femmes. 81 % des Françaises exactement, affirmait ainsi l'Ipsos en 2020.