En première ligne sur les questions féministes, l'actrice Alyssa Milano a décidé de briser le tabou. Dans un nouvel épisode de son podcast Sorry Not Sorry diffusé jeudi 19 août, la comédienne a voulu partager son histoire personnelle, celle des deux avortements qu'elle a connus à quelques mois d'intervalle en 1993, alors qu'elle avait 21 ans.
"Je savais à ce moment-là que je n'étais pas équipée pour être une mère, et j'ai donc choisi d'avorter", explique-t-elle. "J'ai choisi. C'était mon choix. Et c'était absolument le bon choix pour moi."
La comédienne, aujourd'hui âgée de 46 ans, s'attarde sur les circonstances de ces IVG, alors que sa carrière était en plein essor et qu'elle prenait la pilule. "Ils vous disent que la pilule est efficace à 99% pour prévenir les grossesses et pourtant, quelques mois plus tard, j'ai découvert que j'étais encore enceinte. J'avais tout fait pour éviter une grossesse mais je suis quand même tombée enceinte. J'ai donc pris la bonne décision pour arrêter cette grossesse", témoigne l'actrice révélée par les séries Madame est servie, puis Charmed, soulignant que "ce n'était pas un choix facile" et qu'elle en était sortie "dévastée".
"Ce n'était pas quelque chose que je voulais, mais c'était quelque chose dont j'avais besoin", insiste-t-elle.
Ce témoignage poignant intervient alors que les Etats-Unis connaissent, sous l'impulsion de l'administration Trump, un durcissement sans précédent des conditions d'accès à l'avortement. Ainsi, des Etats comme la Géorgie, l'Ohio et le Missouri ont interdit l'IVG au premier trimestre de grossesse. L'Etat d'Alabama a choqué le monde entier en mai dernier lorsque 25 sénateurs ont voté la loi la plus restrictive en matière d'avortement dans le pays. Cette loi prévoit notamment de punir les médecins pratiquant l'IVG, avec des peines allant de 10 à 99 ans de prison, et aucune exception ne sera tolérée en cas de viol ou d'inceste.
Pour Alyssa Milano, qui fut l'une des premières actrices hollywoodiennes à monter au créneau lors des révélations de l'affaire Weinstein et reste l'une des figures de proue du mouvement #MeToo, ces lois sont des "attaques contre le corps des femmes". Des restrictions qui l'ont poussée à réfléchir à ce qu'elle aurait perdu si elle n'avait pas eu ce choix et ce droit à l'avortement.
"Je n'aurais pas eu mes enfants (Elizabeth, 4 ans et Milo, 7 ans- ndlr) - mes magnifiques, parfaits, aimants, gentils enfants qui ont une mère qui était très très prête pour eux. Je n'aurais pas eu ma carrière. Je n'aurais pas eu la capacité ou la plateforme que j'utilise pour lutter contre l'oppression de tout mon coeur. Je n'aurais jamais rencontré mon incroyable mari, David, dont l'amour inébranlable et incommensurable me soutient durant ces temps terribles."
Et l'actrice et militante conclut d'un cinglant : "Mes raisons d'avorter sont réelles. Elles m'entourent tous les jours". Un témoignage émouvant, engagé, déculpabilisant, qui réaffirme l'importance fondamentale du droit des femmes à disposer de leur corps.