Société
Ces 25 hommes ont décidé du sort de l'utérus des femmes d'Alabama
Publié le 16 mai 2019 à 12:07
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Ce mardi 14 mai, 25 sénateurs ont voté la loi la plus restrictive en matière d'avortement aux Etats-Unis. Quand les hommes arrêteront-ils de faire pression sur le corps des femmes ?
Les 25 sénateurs de l'Alabama qui ont voté la loi anti-avortement Les 25 sénateurs de l'Alabama qui ont voté la loi anti-avortement© DR
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Ils sont 25, 25 hommes blancs. Et ces sénateurs issus du parti républicain ont décidé, une fois n'est pas coutume, de prendre le contrôle du corps des femmes. Ce 14 mai, dans l'Etat de l'Alabama, ces 25 hommes ont donc voté le texte le plus répressif des Etats-Unis en matière d'avortement. Cette loi prévoit notamment de punir les médecins pratiquant l'IVG, avec des peines allant de 10 à 99 ans de prison, et aucune exception ne sera tolérée en cas de viol ou d'inceste. Le coup de grâce a été donné par la gouverneure de l'Etat, Kay Ivey, qui a promulgué le texte le lendemain (15 mai), soutenant que "toute vie [serait] un cadeau de Dieu".

Nous sommes en 2019 et les réacs continuent donc à légiférer sur le corps de 51% de la population, quitte à mettre leur vie en danger. A leur imposer des règles, des droits et des devoirs. Et à piétiner allègrement la règle absolue : "My body, my choice" (Mon corps, mon choix).

Ces hommes ne devraient pas avoir de droit de regard sur notre utérus, ils ne devraient pas être autorisés à régir nos droits reproductifs, comme en France où un syndicat des gynécologues (Syngof) avait brandi la menace abjecte d'une "grève des avortements" pour tenter d'accéder au ministère de la Santé. L'utérus n'est ni un moyen de pression, ni un incubateur, ni un territoire dont les hommes peuvent disposer selon leur bon vouloir. Il appartient aux femmes et à elles exclusivement.

La série The Handmaid's Tale nous avait fait frémir d'effroi. Dans cet univers dystopique, les femmes ont été démises de leur statut de citoyennes. Alors que le taux de fécondité a dramatiquement chuté, les quelques femmes fertiles y sont réduites à l'esclavage et reléguées à la seule fonction reproductrice. Face à l'horreur, on se disait que fort heureusement, "ce n'est pas possible". Aussi effarant que cela puisse paraître au 21e siècle, la réalité rattrape la fiction.

Fragilisé, menacé, bafoué, le droit à l'avortement revient au coeur des débats parce qu'il est un moyen d'avilir les femmes. Ces gonzesses qui commencent un peu trop à l'ouvrir, qui descendent dans la rue, qui en ont marre de se planquer et de subir. Et ça, le sénateur blanc d'Alabama, il n'aime pas. Son fantasme absolu serait même de remettre en cause l'arrêt de 1973 qui garantit le libre choix des femmes (Roe v. Wade), histoire de totalement reprendre la main face à ces harpies qui se croient un peu trop les malines en faisant ce que bon leur semble.

Ces dernières années, ces derniers mois, nous ont prouvé que rien n'est jamais acquis. Que les fossoyeurs liberticides sont en embuscade et s'engouffrent dans la moindre brèche pour opérer un rétropédalage. Mauvaise nouvelle pour eux : nous ne les laisserons plus faire.

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