Le président des Etats-Unis, Donald Trump, s'apprête à annoncer ce mardi 22 mai, la restriction des budgets pour les cliniques pratiquant l'avortement. Il compte jouer sur le fond "Title X" qui redistribue chaque année plus de 221 millions d'euros pour les activités de planning familial et de services médicaux. C'est le département de la santé (le ministère de la santé américain), qui décide de l'attribution de ces fonds créés dans les années 1970 par le président Richard Nixon.
Parmi les principaux bénéficiaires de Title X, le Planning Familial américain avec 51 millions d'euros en moyenne par an. Or dans cette nouvelle redistribution, l'argent ne devra expressément pas servir à pratiquer l'avortement ou à indiquer où pratiquer l'avortement. Les cliniques qui le proposent devront alors séparer strictement leurs deux activités : d'un côté, l'interruption volontaire de grossesse et de l'autre, les activités de santé comme le dépistage du cancer ou les tests de grossesse.
Aux Etats-Unis, le Planning Familial reçoit 41% des patient·e·s qui bénéficient du Title X funds. Cela serait donc un énorme coup dur.
L'annonce de ces nouvelles dispositions fait suite à des échos de réunions avec des groupes anti-avortement la semaine dernière ébruités et rapportés dans le New York Times et le Washington Post. Dans une déclaration vendredi (18 mai) reprise par les deux journaux, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, a évoqué une mesure qui "assurera que l'argent des contribuables ne finance pas indirectement l'avortement" avant d'ajouter que Donald Trump était "content de la soutenir". Le président est en effet très influencé par les traditionalistes qui composent une de ses bases électorales.
La présidente du groupe anti-avortement March for life (La marche pour la vie), Jeanne Mancini, s'est félicitée de cette décision dans une déclaration vendredi : "Cet argent va être redirigé vers des centres de santé de la famille et de planning familial qui ne pratiquent pas l'avortement et comprennent que l'avortement ne fait pas partie des soins médicaux". Elle ajoute : "Nous sommes impatients de continuer les progrès dans la restauration de la culture de la vie ici aux Etats-Unis."
De son côté, le Planning Familial s'est déclaré outré par la voix de sa présidente exécutive, Dawn Laguens, dans le Washington Post : "C'est complètement scandaleux que les vues idéologiques d'un petit groupe de gens soient poussées par les agences gouvernementales pour attaquer les soins apportés aux femmes partout dans le pays." Selon ce même journal, plusieurs groupes de défense de la santé des femmes et le gouverneur de l'Etat de Washington ont annoncé qu'ils iraient devant les tribunaux pour combattre ces nouvelles règles.
Dans un tweet, Dawn Laguens explique : "C'est une attaque de l'administration Trump-Pence pour contrôler le corps des femmes. Même si vous n'avez jamais été au Planning Familial (1 femme sur 5 y est venue), même si vous ne dépendez pas de Title X (4 millions le sont), cela vous affecte. Soyez prêts à vous battre pour vos droits."
Le New York Times rapporte par ailleurs que les défenseurs du droit à l'avortement expliquent que "ces nouvelles règles pourraient avoir comme résultat que les femmes qui ne recevraient plus de soins reproductifs auraient plus de grossesses non désirées mais aussi un taux de mortalité plus élevé." Le droit à la vie... mais pas pour tout le monde. "Le Planning familial et les autres structures qui pratiquent l'avortement sont souvent les seuls dans certaines régions du pays à être financés par le gouvernement, cela veut dire que certaines femmes dans ces endroits n'auront tout simplement plus accès à un traitement médical."
Ce n'est pas la première fois que Donald Trump s'attaque au droit à l'avortement. Il a d'abord nommé un juge anti-avortement à la Cour suprême, avant de stopper les financements fédéraux aux organisations faisant de l'information sur l'avortement à l'étranger et de permettre à chaque état américain de suspendre l'argent fédéral aux lieux proposant l'avortement.