Donald Trump est annoncé grand gagnant des élections américaines en ce 6 novembre 2024. L'ancien président revendique la victoire et a déjà été félicité par Emmanuel Macron, par le secrétaire général de l’Otan, la Cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.... Le premier ministre britannique considère quant à lui les résultats de Donald Trump comme une "victoire électorale historique".
"Rien ne m’empêchera de tenir mes promesses envers vous redonner à l’Amérique sa prospérité et sa sécurité. Le moment est venu de laisser derrière nous les divisions des quatre dernières années, de nous rassembler", a déclaré le Républicain, remportant a minima 267 votes du collège électoral contre 224 pour sa rivale démocrate Kamala Harris, l'ex vice présidente de Joe Biden.
Un discours plein de "promesses" alors que sur les réseaux sociaux, certains accueillent ce résultat avec bien moins d'espérance : tout un pan de l'électorat s'inquiète notamment du sort réservé aux droits reproductifs des femmes, dans une nation où ces droits sont largement bafoués depuis des années déjà.
L'occasion de rappeler qu'une série culte avait prédit cette situation...
Cette série est revenue dans l'actualité récemment : sa créatrice s'est exprimée sur les réseaux sociaux en pleine course à la présidentielle américaine. Ou plutôt, l'autrice des romans canadienne dont ce célèbre show s'inspire : on parle bien évidemment ici de La servante écarlate, The Handmaid's tale, et de sa romancière, la grande Margaret Atwood, plume tranchante et regard acéré sur les oppressions faites aux femmes.
The Handmaid's tale, série dystopique qui démontre comment une société peut sombrer dans la dictature, et ses citoyennes, se voir totalement "annulées" - elles ne peuvent plus sortir seules, ne peuvent plus travailler. Dans la société imaginée par Atwood, les femmes fertiles d'un monde en proie à un taux de fécondité dramatiquement bas sont réduites à l'esclavage pur et dur. N'importe effectivement que leur fonction reproductrice...
Ce système, c'est le reflet exacerbé du patriarcat.
Et ces dernières années, les atteintes faites aux droits des femmes outre-atlantique ne font que renvoyer aux propos de ce show initié en 2017. Le 24 juin 2022, la Cour Suprême des Etats-Unis a effectivement décidé de révoquer l'arrêt Roe vs Wade qui, depuis 1973, accordait aux Américaines le droit d'avorter dans tout le pays. Un héritage direct de la précédente présidence de Donald Trump.
Dès le mois suivant, un rapport du Guttmacher Institute, institut de recherche et de statistiques dédié au contrôle des naissances et aux données relatives à l'avortement, constatait que 43 cliniques américaines situées dans onze Etats différents avaient arrêté de pratiquer des avortements.
Demandes de suspension de l'autorisation de la pilule abortive, accès à l'IVG soumis à des restrictions précises dans de nombreux Etats (exceptions en cas de viol, d'inceste), avortement totalement illégal en Alabama, Arkansas, Kentucky, Louisiane, Missouri, Oklahoma, Dakota du Sud, législation dite du "heartbeat" au Texas, interdisant l'avortement dès qu'une échographie peut détecter un "battement du coeur" du foetus (anti-médical au possible, bien entendu)...
Dans cette longue enquête détaillée, on vous relate l'évolution des droits reproductifs aux Etats-Unis depuis cette révocation.
La dimension prophétique de The handmaid's tale n'a eu de cesse de s'affirmer au fur et à mesure de ces violences politiques faites aux femmes. La série s'est imposée comme un véritable phénomène culturel, peut être destiné à devenir, on le redoute, un documentaire.
Et la réélection de Donald Trump, qui ne semble guère source d'espoir pour ces droits, de remettre au goût du jour le feuilleton. Sa romancière elle-même est revenue et s'est exprimée publiquement, comme pour nous prévenir, à quelques jours seulement de ce retour au pouvoir...
C'est sur Twitter que ça se passe : Margaret Atwood a partagé sur son compte un cartoon du dessinateur Mike Luckovich, lauréat du prix Pulitzer, montrant des femmes entrant dans un bureau de vote américain, vêtues des capes rouges et des bonnets blancs. Les fameux costumes des visions dystopiques de l'autrice. Mais après leur passage auprès des urnes, les mêmes personnages arborent des vêtements tout à fait modernes.
Le message est clair, il faudra voter pour ses droits, pour que ceux-ci ne soient plus qu'un vague souvenir.
Et cela, de nombreuses stars sont venues le rappeler. Anne Hathaway, Taylor Swift, Billie Eilish, Olivia Rodrigo... N'ont pas hésité à appeler à voter pour Kamala Harris afin de défendre le droit des femmes à disposer librement de leurs corps. On vous le détaille dans cet article.
Mais depuis les résultats de cette élection, de nombreux internautes partagent des gifs et photos de la série télévisée, un message bien en évidence : "ça a déjà commencé". Certaines électrices seraient mêmes parties voter en arborant de bien familières tenues rougeoyantes. Plus que jamais, un roman sorti en plein milieu des années 80, et l'adaptation à succès venue le remettre au goût du jour, font écho à ce que nous observons désormais.
Quantité de publications abondamment relayées sur Twitter prédisent depuis hier un choix électoral ainsi formulé : pour les Etats-Unis, cela sera soit "la première femme Présidente de l'histoire de la nation", soit... The Handmaid's Tale.
"La série a trouvé une résonance politique, apparaissant sur nos écrans au moment où Donald Trump accédait au pouvoir, regarder The Handmaid's Tale est devenu une manière de résister au pouvoir dominant", décrypte la critique cinéma Iris Brey dans une interview pour Terrafemina, à retrouver ici.
"C'est une série qui nous apprend à rester vigilantes. Elle rappelle aux femmes qui pensent être libres cette phrase de Simone De Beauvoir: "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis."
Les fameux costumes des "servantes" sont depuis 2017 érigés par les défenseures des droits des femmes en symboles de protestation dans les manifs. Mais cela n’a pas empêché le come back triomphant du Républicain conservateur 7 ans plus tard.
Et les célèbres "flash back" de la série télévisée diffusée sur Hulu de réapparaître à nos yeux comme autant de projections sur une réalité trop présente : celle des citoyennes états-uniennes dont la lutte ne fait peut être que commencer.