
Plusieurs mois durant, Sandrine Rousseau a présidé la Commission des violences sexistes et sexuelles dans le monde de l'art. De nombreuses actrices, mais aussi des acteurs et des producteurs, ainsi que des cinéastes, sont venus s'exprimer pour partager leur expérience personnelle, au sein de l'hémicycle. En tout, on dénombre 350 auditionnés.
Parmi ces voix, celle d'Anna Mouglalis, qui évoque Gérard Miller (une parole à retrouver ici), de Nina Meurisse, Césarisée pour L'histoire de Souleymane, de Judith Godrèche... Et bien d'autres personnalités. Masculines, également : Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve, Jean Dujardin... On vous détaille tout cela dans cet article.
Cependant, la parole de la Présidente, elle, a dû se mettre de côté pour faire résonner ces témoignages. Mais aujourd'hui, l'émission Conversations avant la fin du monde, à retrouver sur la chaîne YouTube éponyme en intégralité, offre à Sandrine Rousseau une heure d'échanges passionnants, permettant à cette dernière de s'appesantir sur son ressenti face à l'expérience de cette Commission, et ses conclusions.

Lesquelles concernent d'abord tout un monde, celui du cinéma.
"Autant on reconnaît un grand talent aux hommes, autant on persiste à croire qu'une femme, une actrice, doit réellement être agressée sur un plateau pour jouer l'agression, que les femmes doivent réellement être blessées lors d'un tournage pour 'jouer la blessure'... C'est absurde", détaille ainsi Sandrine Rousseau en évoquant les violences physiques et psychologiques qu'ont pu subir les comédiennes.
"Tout cela contribue à tout un système de fragilisation des actrices !"

Et la députée écologiste ne s'arrête pas là. Elle pose des mots bien plus éloquents encore...
Sandrine Rousseau s'exprime encore : "Les comédiennes sont venues partager les violences subies sur les tournages. Comme Sara Forestier, qui nous explique qu'elle s'est cassée les doigts - ils ont été pris dans une portière de voiture - et que le metteur en scène est venu lui dire : ton visage est blême, c'est super, ça représente très bien la souffrance, on t'emmènera à l'hôpital plus tard..."
Ce que dénonce l'écoféministe, c'est le mépris de la souffrance des comédiennes, et de leur secours, au profit de violences considérées comme "utiles", car forcément artistiques... Et bénéfiques à celui qui assume une position dominante, le metteur en scène.

Mais ce n'est pas tout...
La femme engagée fustige encore : "Les actrices peuvent accepter de jouer leurs scènes, même blessées, car elles sont prises dans un système... Et à cause de cela, naturellement que les violences sexuelles, à leur tour, tout comme les violences physiques, ne seront pas prises au sérieux !"

C'est toute une logique patriarcale que l'écologiste dénonce.
L'un des nombreux points de ce très long entretien où bien des enjeux et thématiques sont abordés.
"On dédie trois jours par semaine à cette Commission. On enchaîne plusieurs auditions chaque jour. Il faut parfois organiser les flux de personnes pour qu'elles ne se croisent pas. Une fatigue s'installe forcément. Mais on doit rester concentré car on le doit à toutes les personnes qui témoignent"
"Durant cette Commission j'ai essayé de ne pas être dans l'affect. Mais des moments ont pu m'émouvoir en larmes. Tous ces témoignages ont pu tous nous renvoyer à des histoires personnelles"