Sandrine Rousseau s'est qualifiée pour le second tour de la primaire écologiste avec 25,14% des voix ce dimanche 19 septembre, talonnant la grande vedette d'EELV, le député européen Yannick Jadot (au score de 27,7 %). Une bonne surprise pour le porte-parole de la candidate écoféministe, Thomas Portes, qui s'est exprimé du côté du Huffington Post : "Si on nous avait dit il y a six mois qu'on serait à ce niveau là... Son score montre que son offre répond à des réelles attentes".
"Malgré les attaques qu'elle a subies, Sandrine Rousseau incarne un projet voulu par les électeurs qui veulent changer les choses", développe encore Thomas Portes. La candidate de son côté affirme que ce pourcentage enthousiasmant "n'est une surprise que pour les personnes qui n'ont pas saisi, ou qui n'ont pas voulu voir, les évolutions de la société". Des "évolutions" qui seraient à mettre en relation avec les convictions écologistes, mais aussi féministes, de la candidate.
Alors que Sandrine Rousseau et Yannick Jadot s'affronteront lors d'un débat télévisé sur LCI à 20h45 ce mercredi avant l'ouverture des votes pour le second tour à partir du 25 septembre, Sandrine Rousseau l'outsider peut-elle remporter cette primaire écolo en vue de la présidentielle 2022 ?
Pour l'Obs et l'ex-secrétaire national des Verts David Cormand, "tous les affluents de l'écologie politique se retrouvent dans les votants". Et si Yannick Jadot fédérerait les "plus ou moins réalistes et radicaux", énonce le média, Sandrine Rousseau serait quant à elle l'emblème de "l'écologie issue des mouvements sociaux". Plus brut de décoffrage, un proche du maire de Grenoble Eric Piolle, éliminé au premier tour de la primaire écologiste, résume la candidature de Sandrine Rousseau à un "témoignage" opposé au "vote efficace".
La figure de Sandrine Rousseau divise donc au sein même d'Europe Écologie Les Verts. Pour ses soutiens cependant, comme la militante féministe Alice Coffin, Sandrine Rousseau représenterait l'inverse même d'une "écologie consensuelle", qu'incarnerait davantage Yannick Jadot. Une facette plus "radicale" de l'engagement écologiste en somme. "Yannick Jadot porte une écologie que je respecte mais qui n'est pas la mienne, moi je suis une écologiste de gauche, radicale, sociale", explique la candidate écoféministe.
Yannick Jadot a d'ailleurs contesté cette "conception donnée de la radicalité" sur les ondes de France Inter ce lundi 20 septembre. "La radicalité, ce ne sont pas des mots : ça fait 30 ans que je suis écolo, j'ai été avec les paysans pour lutter contre le libre-échange, j'ai été avec les femmes opprimées au Bangladesh, j'ai été espionné par EDF, j'ai arraché des OGM", a rappelé l'eurodéputé.
Mais la "radicalité" de Sandrine Rousseau peut-elle rassembler ? Au sein du parti, on s'interroge. Le porte-parole d'EELV, Alain Coulombel, soutien d'Eric Piolle, résume auprès de 20 Minutes : "Yannick Jadot mise plutôt sur l'apaisement pour ne pas effrayer l'opinion publique. Sandrine Rousseau incarne, elle, le thème de l'urgence de manière plus tranchée, en écho à la partie la plus politisée de l'opinion publique, notamment les jeunes, qui ont un désir de radicalité."
Les prises de parole féministes de Sandrine Rousseau ont d'ailleurs suscité une virulence certaine au sein des réseaux sociaux, de la "fachosphère" notamment. Ainsi en août dernier, la candidate se référait à l'imaginaire écoféministe le temps d'une interview au journal Charlie Hebdo, en déclarant : "Le monde crève de trop de rationalité, de décisions prises par les ingénieurs. Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR", faisant ainsi allusion à la figure de la sorcière.
Et des propos qui ont beaucoup fait réagir, au sein des médias également. Une réception critique qui pourrait influer sur le second tour de la primaire ? De son côté, la vice-présidente de l'université de Lille l'annonce à l'antenne de BFM TV : "Je serai la surprise de cette présidentielle. Et j'irai jusqu'au bout".
Sondée pour la première fois dans une étude Harris Interactive-Challenges parue ce 21 septembre, Sandrine Rousseau est créditée de 2% d'intentions de votes (contre 6% pour Yannick Jadot) au premier tour de la présidentielle.
Les votes de la primaire écologiste se clôtureront le 28 septembre à 17h.