
"Que la révolution commence !"
Ca y est, la bande annonce de la série passée de fiction alarmante à quasi documentaire sévèrement désespérant est enfin en ligne. The Handmaid's Tale, La servante écarlate pour le public francophone, est de retour pour une ultime saison. Et comme l'énonce l'une des punchlines ("Il est temps que ce soit eux qui aient peur de nous !") l'heure est à la vendetta au sein de l'enfer patriarcal.
La sixième saison met encore en scène Elisabeth Moss, sous couvert de slogans sororaux et contestataires riches de sens : "Levez-vous et battez-vous pour votre liberté ! Nous utilisons tous nos amis, tous ceux qui détestent Gilead, pour enfin déclarer : ça suffit". Le temps du changement est venu, et avec lui, une riposte des femmes opprimées. Un sacré teasing pour un show ui promet d'être spectaculaire.

Derrière l'écran cependant, une inquiétude authentique : la dystopie féministe imaginée par Margaret Atwood avait prédit l'Amérique de Donald Trump il y a des décennies, dès sa publication très controversée en librairies, et aujourd'hui, le cauchemar est plus réel que jamais...
Dans cette saison conclusive à retrouver le mardi 8 avril sur Hulu aux Etats-Unis et en France sur Disney Plus, il est question d'un pays "cassé", d'une réaction cathartique à des violences patriarcales hyper banalisées, d'un mouvement collectif uni contre un pouvoir ouvertement belliqueux qui s'en prend aux droits fondamentaux des femmes, et en premier lieu leurs droits reproductifs.
Difficile de faire plus réaliste à l'heure du deuxième mandat de Donald Trump. Un mandat qui vient exacerber les "promesses" et actes déjà largement redoutés lors du premier sacre de l'homme le plus puissant du monde.

Ce show initié en 2017 prédisait déjà sa manière les phénoménales régressions observées depuis le 24 juin 2022. Ce jour où la Cour Suprême des Etats-Unis a décidé de révoquer l'arrêt Roe vs Wade qui, depuis 1973, accordait aux Américaines le droit d'avorter dans tout le pays.
Un mois plus tard, 43 cliniques américaines situées dans onze Etats différents avaient arrêté de pratiquer des avortements, alors que la plupart mettaient en avant des "conditions" volontairement très, très restrictives. D'aucuns, dans le Sud notamment, officialisaient la législation dite du "heartbeat", interdisant l'avortement dès qu'une échographie peut détecter un "battement du coeur" du foetus (une évidente aberration médicale).
Et aujourd'hui ?

"La série a trouvé une résonance politique, apparaissant sur nos écrans au moment où Donald Trump accédait au pouvoir, regarder The Handmaid's Tale est devenu une manière de résister au pouvoir dominant", décrypte la critique cinéma Iris Brey dans une interview pour Terrafemina, à retrouver ici. Son grand retour à l'heure d'un second mandat nous apparaît comme plus pertinent que jamais.
"C'est une série qui nous apprend à rester vigilantes. Elle rappelle aux femmes qui pensent être libres cette phrase de Simone De Beauvoir: "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis"

Une assertion qui vaut autant pour les femmes, qui semblent faire face à un cruel "retour de bâton" près d'une décennie après les prémices de #MeToo (ce que l'on appelle un "backlash" dans le jargon féministe), que pour les populations les plus marginalisées en général, telle la communauté LGBTQ, plus ostracisée que jamais aux Etats-Unis.
The Handmaid's Tale prédit l'annulation des femmes en tant que citoyennes, réduites à leur statut de "fécondatrices", dans un monde où le viol a été totalement banalisé. Le reflet d'une société qui, contrairement à la fiction, pourra difficilement s'avérer synonyme de résolution heureuse.