Cette première semaine de février a été marquée par une nouvelle qui a certainement ravi les millenials : la série Buffy contre les vampires va faire son grand retour. Si ce n’est pas la première fois qu’on annonce un comeback de la Tueuse de vampires, cette fois semble bel et bien être la bonne. Mais alors, pourquoi le personnage incarné par Sarah Michelle Gellar fascine-t-il toujours autant plus de 25 ans après sa diffusion ?
Dans un monde télévisuel globalement porté par des héros masculins, Buffy contre les vampires s’est rapidement démarquée jusqu’à s’ériger comme série une féministe, notamment grâce à son personnage principal. L’intelligence qu’ont eue les créateurs de la série, aura été de prendre le plus vieux cliché des films d’horreur et de l’inverser : la jeune femme blonde n’est plus celle qui est poursuivie par les monstres mais devient celle qui les chasse - et qui les éradique !
Mais, contrairement à d’autres héroïnes de son époque - ou d’autres figures féminines qu’on peut encore voir sur nos écrans aujourd’hui - aucune qualité traditionnellement “masculine” en n’est rattachée à son personnage pour en faire d’elle une héroïne. Là où certaines héroïnes vont bouder les traits clichés qu’on attribue au féminin, Buffy les embrasse et représente l’adolescente “girly” qu’on retrouve dans les teen séries. La Tueuse parle mode et garçons tout en bottant le cul des démons qui croisent sa route.
Malgré ces super-pouvoirs, Buffy reste une adolescente comme les autres, qui doit de temps à autre sauver le monde. Son personnage est donc en proie aux doutes, à la remise en question, aux erreurs, elle se dispute avec sa mère et fait face aux émotions ordinaires. Elle traverse des épreuves autant sur le plan surnaturel que personnel - on pense notamment au décès de sa mère - et fait d’elle un personnage attachant, fiable mais surtout inspirant.
La série se termine d’ailleurs en apothéose avec sa saison 7, au moment où Buffy décide que chaque fille sur Terre pourrait être une Tueuse et avoir le même pouvoir qu’elle. Elle met alors fin à la règle selon laquelle il ne doit y avoir qu’une seule Tueuse, remplacée uniquement après sa mort. Un élan de sororité et d’empouvoirement féminin qui conclut avec brio l’arc narratif de Buffy.
Cette décision finale met d’ailleurs une dernière fois l’accent sur l’importance du lien et d’être entouré. Si Buffy est arrivée là où elle en est aujourd’hui, c’est avant tout parce qu’elle a travaillé en équipe avec ses amis, le fameux Scooby-gang. Un groupe composé d’autres figures féminines qui s’échappent des clichés traditionnels. Ainsi, Willow, la jeune fille “nerd” et réservée devient une sorcière surpuissante et une figure lesbienne, tandis que Cordélia, la “mean girl”, se révèle être plus vulnérable et humaine que ce qu’elle laisse paraître.
Cette série féministe avant-gardiste cache pourtant une ironie amère : son créateur, Joss Whedon, qui s'est longtemps présenté comme un allié de la cause féministe, a été accusé en 2021 par plusieurs actrices de la série - dont Charisma Carpenter (Cordélia) - de comportements abusifs et misogynes sur les plateaux de tournage. Sarah Michelle Gellar elle-même a pris ses distances, déclarant être "fière d'être associée à Buffy Summers", tout en refusant d'être associée au nom de Whedon. Un paradoxe qui n'enlève rien à l'impact culturel de la série et à la force de ses messages, prouvant que l'œuvre a dépassé son créateur pour devenir un symbole d'empouvoirement féminin à part entière.