Mais où sont une nouvelle fois passées les femmes ? En janvier dernier, quelques jours seulement après son investiture, Donald Trump signait un décret qui supprimait l'aide fédérale reçue par les ONG fournissant une information non-partisane sur l'IVG. Entouré d'élus (vieux et tous blancs, évidemment), le nouveau président américain posait avec le nouveau texte de loi, visiblement peu concerné par le fait d'avoir légiféré sur les droits des femmes sans avoir consulté ne serait-ce qu'un membre féminin de son gouvernement.
Rebelote jeudi 23 mars 2017, lorsque le président américain a réuni les représentants du House Freedom Caucus, un groupe d'élus conservateurs, pour discuter de la refonte de l'Obamacare l'assurance maladie mise en place par son prédécesseur à la Maison Blanche. Autour de Mike Pence, le vice-président, cette assemblée 100% masculine a notamment décidé de revoir en profondeur le "maternity care", qui profite aux femmes enceintes et leur offre une couverture santé tout le temps de leur grossesse.
Donald Trump, qui a fait de la fin de l'Obamacare l'une des mesures phares de son programme lorsqu'il était encore candidat, n'a visiblement pas vu le problème de discuter sans les femmes de la santé de ces dernières.
Son "Trump Care" prévoit notamment de ne plus obliger les compagnies d'assurance à inclure les soins liés à la grossesse et à la maternité dans leurs programmes de santé. Concrètement, cela veut dire qu'aux États-Unis, les femmes enceintes pourraient ne plus être en mesure de se soigner durant leur grossesse, car les examens médicaux ne seront plus obligatoirement pris en charge par leur assurance santé. Les femmes ayant récemment accouché pourraient se retrouver elles aussi incapables de payer les soins de santé de leur nouveau-né.
Tweetée par le vice-président Mike Pence, la tablée 100% masculine a provoqué de nombreuses réactions. À commencer par celle du Planned Parenthood (le Planning familial américain), qui s'est ému que des hommes décident une fois encore de la santé des femmes sans requérir ni leur présence, ni leur avis.
"Voici l'image des leaders qui négocient le contrôle des naissances, les soins de maternité et l'avortement. Vous remarquez quelque chose ? #ProtectOurCare"
"C'est indécent : pas une seule femme dans la pièce tandis que Mike Pence et les Républicains de la Chambre proposent de retirer la couverture maternité dans le 'Trump Care'", a tweeté le sénateur démocrate Jim McGovern.
Entre temps, pour couper court à la polémique, le directeur des médias de la Maison Blanche Dan Scavino Jr. a partagé une nouvelle photo de la réunion, sur laquelle on distingue deux femmes présentes à la table.
Mais le scandale ne s'est pas arrêté pour autant. Le site de CNN rapporte que lors de ce même débat, quand l'élue démocrate Alice Holstein s'est émue du possible déremboursement des mammographies, l'élu républicain du Kansas Pat Roberts a cru bon d'ironiser. "Je ne voudrais pas perdre mes mammographies", s'est-il exclamé, ne sachant visiblement pas que le cancer du sein est aujourd'hui encore la première cause de décès féminin. Face à la polémique, il a fini par présenter ses excuses.
Si l'on en croit CNN, il est heureusement fort peu probable que le déremboursement des soins de grossesse et de maternité survive au vote du congrès, les démocrates et les élus républicains modérés risquant de s'y opposer.