Le chiffre sidère, il est pourtant réel : au bout d’un an passé à la rue, 100 % des femmes ont subi un viol, quels que soient soit leur âge ou leur apparence. Cela, c'est ce qu'affirme Aurélie Tinland, médecin-psychiatre à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille. L'expert révèle tout sur la condition des femmes sans abri en France dans un nouveau rapport sénatorial accablant.
Ce sont les "invisibles", et pourtant, leur situation alarme. On parle bien là des 120 000 femmes sans domicile fixe qui vivent en France. "Il faut connaître également les risques d’exploitation sexuelle qu'elles subissent, notamment à travers des hébergements “contre services” et des propositions de rapports sexuels rémunérés, qu’elles acceptent parfois uniquement pour nourrir leurs enfants", détaille le rapport.
Parmi les SDF en France, on dénombre aujourd'hui. 40 % de femmes.
Et d'autres révélations accablent...
Le rapport abordé ici est un texte sénatorial consacré aux femmes sans abri, coordonné par la délégation aux droits des femmes. Il s'attarde sur la condition déplorable des 120 000 femmes SDF vivant en France - sur les 330 000 sans abris, tout genre confondus, recensés en 2024.
Etre femme et sans abri, c'est une double peine : la précarité vient exacerber les violences sexistes et sexuelles subies d'ordinaire. Le mot clé de cette situation, c'est la "vulnérabilité" : d'autant plus confrontées aux agressions, aux discriminations et à la stigmatisation, ignorées par autrui, ces femmes sont soumises à des conditions de survie pure. Et, comme le relate le Nouvel Obs, des conditions "d'autodéfense".
Claire Lajeunie, documentariste et journaliste, témoigne dans son travail dédié au sujet : "Après trois semaines, on constate déjà les dégâts physiques et psychologiques de la rue. Progressivement, elles perdent tout repère. Leur vie est un enfer, fait de violences et d'agressions. Elles sont des proies faciles et doivent être sans cesse sur le qui-vive"
"Suite à de telles trajectoires, elles vivent dans un rapport à elle-même assez complexe et certaines ont pu développer des fragilités narcissiques et psychologiques"
Un enjeu de société, et un enjeu féministe.