"Il y a encore tant à faire !"
Dépression post partum, femmes en politique, éducation, transmission, projets à venir... C'est sans filtre que la député Prisca Thévenot témoigne dans le nouveau format original d'entretien de Webedia, "La parole", sur la chaîne YouTube "En privé avec". L'ex porte-parole du gouvernement et ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique en France a décidé de briser des tabous.
Notamment quand il est question d'un sexisme encore trop banalisé : celui qui perdure de l'hémicycle aux plateaux télé.
"La plus grande leçon que j'ai apprise en tant que femme dans le monde politique, c'est qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. Pour rappel, la première femme élue présidente de l'Assemblée nationale c'était en 2022, avec la nomination de Yaël Braun-Pivet. En 2022 !", tacle ainsi l'actuelle députée dans cet entretien.
Mais comment expliquer que les choses bougent si peu ou plutôt si lentement ? La conseillère régionale d'Île-de-France a bien une idée quant à cet insondable mystère...
Le sexisme en politique, une fatalité ?
Non. Mais une réalité, ça, tout naturellement. "Qui sont les responsables de cette situation ? Nous tous !", poursuit Prisca Thévenot à ce propos, observant au passage non sans ironie : "Je constate que la politique a permis de faire évoluer beaucoup de choses concernant la condition des femmes... Dans le privé. Mais pas en politique !".
Et la députée y voit là l'effet d'une représentation générale très stigmatisante pour les femmes, des sphères politiques aux médias (où les femmes sont encore trop rares). Pour ne pas dire, empreinte de stéréotypes à la limite de la misogynie. On se dit d'ailleurs qu'une personnalité comme Sandrine Rousseau en sait quelque chose.
"Quand on est une femme en politique, on va toujours être jugée, commentée...", témoigne Prisca Thévenot, ...qualifiée d'hystérique, simplement car on est fatiguée sur un plateau télé... Critiquée sur la forme et jamais sur la fond : 'oh elle a grossit', 'oh, elle a l'air méchante'... Est-ce que ça arrive aux hommes ? Qu'on leur dise s'ils ont maigrit, grossit, s'ils se sont coupés les cheveux ?"
Une prise de parole qui renvoie aux témoignages de bien des femmes en politique. On pense par exemple à ce décryptage du sexisme banalisé à l'Assemblée nationale. Voix des députées moquées, décrédibilisées, représentantes et élues réduites à leur tenue, à leur physique, ou bien interrompues par des cris sexistes...
Au sujet du physique d'ailleurs, la députée avoue une chose sur son propre rapport au corps : "Mes dents sont encore un gros complexe, j'ai les canines qui ressortent vachement. C'est pour ça que je n'ose pas toujours sourire. On me trouve méchante à cause de ça. Mais je n'ose juste pas montrer mes dents !"
Un détail trivial bien révélateur de la manière dont les femmes, même en politique, sont constamment réduites à leur apparence, et sans cesse ramenées à leur propres complexes. Et pour l'ex porte-parole, il ne faut jamais mésestimer cet enjeu de société, loin d'être anodin.
"Je suis persuadée que c'est un sujet au long cours, ce n'est pas parce qu'on a avancé qu'on doit passer à autre chose et s'en laver les mains. Il faut rester vigilant sur la place des femmes en politique. Car on peut toujours être ramenées en arrière"
Moins politique mais tout aussi intime, un autre sujet est abordé sans détour par l'interviewée, un gros tabou celui-ci : la dépression post-partum. Dont a justement souffert Prisca Thévenot, deux longues et douloureuses années durant, à l'écouter. "Quand on a un bébé dans les bras, quand on donne la vie pour la première fois, quand il se met à pleurer, on a pas toujours les codes pour savoir quoi faire. On a pas de mode d'emploi. Et donc c'est normal de pas aller bien. Tout n'est pas toujours parfait comme dans une série télé..."
"J'en parle avec le sourire car j'en suis revenue !"
Un témoignage très personnel que l'on vous invite à retrouver en intégralité sur la chaîne YouTube "En privé avec".