Où sont les femmes ? Ce refrain entêtant revient comme un aveu d'échec à l'heure des débats d'entre deux tours. Dans une actualité bousculée par les élections législatives, Marine Tondelier n'hésite pas à poser cette épineuse question, quitte à déranger au sein même de la gauche. La secrétaire nationale des Ecologistes dénonce depuis le 1er juillet dernier les inégalités de représentation au sein des débats télévisés opposant notamment le Nouveau Front Populaire et le RN. Quitte à lancer sur Twitter un hashtag significatif : #OùSontLesFemmes?. Mot-clé qu'elle adresse à certaines chaînes de télévision, comme TF1.
"Nous nous sommes réparti les débats au sein du Nouveau Front Populaire. Après Manuel Bompard et Olivier Faure, c’est à mon tour de représenter notre coalition au 3e débat. Dois-je comprendre que vous n’osez pas débattre avec moi ?", avait-elle en retour demandé à Jordan Bardella. Par-delà la situation exceptionnelle de ces élections législatives, survenues après la dissolution de l'Assemblée nationale, c'est une problématique globale que Marine Tondelier met en lumière : les disparités de genre en politique.
Et surtout : dans les représentations de la politique...
La politique à la télé, voilà un enjeu qui ne rime pas forcément avec égalité des sexes. Malheureusement. L'an dernier déjà, Radio France l'affirmait : "la parité dans les médias, ce n'est pas encore ça".
En guise d'illustration, l'on pouvait éplucher un rapport annuel de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) affirmant que les femmes demeurent "sous-représentées, aussi bien en temps d'antenne qu'en temps de parole", dans le cadre des matinales politiques par exemple. Sachant que la part de femmes occupant l'antenne - à la télé et à la radio - ne serait que de 44 %. En un an, ce chiffre n'a du guère évoluer. Ca fait mal.
Ce que Marine Tondelier pointe du doigt se retrouve en outre dans bien des domaines du champ politique. En 2022, on s'interrogeait par exemple sur la nécessité d'une recrudescence du nombre de députées à l'Assemblée nationale. 215 femmes ont été élues au second tour des élections législatives cette année-là contre 362 hommes. Ce calcul aboutit à un chiffre de 37%, correspondant au total des député·es siégeant à l'Assemblée nationale : une baisse de 2 % en cinq ans.
Un vrai recul donc.
Créatrice du podcast politique "PoPol", autrice des enquêtes "Plus de femmes en politique !" et "Au Revoir Simone", la journaliste Léa Chamboncel décryptait alors dans nos pages : "On observe toujours, dans notre société, des décalages sociologiques entre nos représentants et représentantes d'un côté, et la population de l'autre. Et un vrai retard. C'est pour cela que créer des ponts entre les militantes et les pouvoirs publics est toujours aussi nécessaire... Or en 2022, on a pu observer durant la course à la présidentielle que même dans les programmes la question de la parité n'a pas été mise en avant. Et au final c'est comme si l'on se reposait trop sur nos acquis, comme si 38 % de députées à l'Assemblée nationale, cela suffisait déjà".
En 2024, alors que la révolution #MeToo a suscité bien des "retours de bâton" dans tous les domaines qui constituent notre société, se poser cette question de la représentation n'a plus rien d'anecdotique.
Et c'est plus que jamais politique.