Elles sont mères au foyer, adorent leur mari, les tâches ménagères, la cuisine, et se disent constamment disponibles dans le but de satisfaire au mieux leurs époux. Réticentes au mouvement #MeToo, ce sont les "tradwives" : les épouses "traditionnelles", si l'on traduit. Dans l'esprit de ces femmes, une vision hyper fantasmée du quotidien des épouses des années cinquante et de "l'american way of life".
Traditionnelles, conservatrices, ou... "Soumises", diraient certains. Les "tradwives" ne font pas exception ; il s'agit d'une véritable tendance, notamment très relayée sur TikTok. Car ces épouses aiment relater leur quotidien sur les réseaux sociaux. Le mouvement #TradWife prône les vertus des mères au foyer parfaites, comme au "bon vieux temps". "Envoyé Spécial" est allé à leur rencontre, et on est très loin de Desperate Housewives.
Car l'équipe de journalistes est venue interroger Salie, 24 ans, qui revendique "être une épouse soumise qui place les besoins de son époux au centre de sa vie". Ce dernier, André, s'exprime tout sourire face caméra.
Et affirme dans le plus grand des calmes : "Je sais pas que ca peut choquer, mais le devoir conjugal en est un pour moi, et pour elle. Quand c'est moi qui suis fatigué, je suis plus enclin à refuser. Mais quand c'est elle..."
Attention, la suite est riche en culture du viol...
Gros tabou, le viol conjugal représente pourtant près d'un viol sur deux.
Et on comprend pourquoi quand on écoute cet époux : "Quand c'est moi qui suis fatigué, je suis plus enclin à refuser. Mais quand c'est mon épouse... Elle est fatiguée ? La porte reste ouverte !", affirme-t-il devant les caméras de l'émission de France 2. A vomir ? Oui. Comme l'indique "Envoyé Spécial", être une "épouse traditionnelle" indique apparemment "d'être sexuellement disponible pour son mari".
Tout un programme.
Et qui témoigne de pressions patriarcales dont les femmes font l'objet - comme une sorte de lavage de cerveau idéologique. Preuve en est ? Son épouse, à André, elle, exige des femmes qu'elles "fassent souvent l'amour". Leur précepte conjugal ? "La femme se soumet".
C'est là une notion bien connue dont témoigne cette interview, celle du "devoir conjugal" : l'acte sexuel dans le couple comme nécessité, par-delà la notion, jamais évoquée dans cette interview d'ailleurs, de "consentement". Le "devoir", un concept très archaïque qui permet d'euphémiser bien des violences. Autant dire que les "tradwives" éludent autant cette facette-là que la notion de "charge mentale", que l'on ne trouve jamais dans leurs discours "idéalistes".
Mouvement controversé, antiféministe, et comme le suggère délicatement ce reportage : potentiellement dangereux.
121 femmes seraient victimes de viols conjugaux chaque jour en France. En 2019 déjà, la Fondation des Femmes estimait que les viols conjugaux représentent 47% des 94 000 viols et tentatives de viols enregistrés en France chaque année. Non, ce n'est pas un "devoir".